Must Farm : sous les cendres, un Pompéi britannique !
Mis au jour en 2016, Must Farm, un village anglais détruit par un incendie à l’âge du bronze (de 3.000 à 1.200 av. J-C.), ne cesse de livrer des indices sur la vie là-bas, il y a plus de trois mille ans ! Ce samedi à 22h25, Arte nous le fait découvrir avec le documentaire «Le Pompéi britannique de l’âge du bronze».
Situé dans le Cambridgeshire, à l’est de l’Angleterre, le site de Must Farm a été surnommé le «Pompéi britannique», comme le titre du doc à voir sur Arte samedi à 22h25. Son niveau de conservation est aussi remarquable et instructif que celui enseveli sous les cendres en Italie, après l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère.
Précieux trésors
Selon Mark Knight, directeur des fouilles archéologiques : «L’incendie qui a détruit Must Farm a été une tragédie pour les habitants, mais est une chance pour les scientifiques d’aujourd’hui, car les limons fluviaux du marais sur lequel il était construit ont préservé tous les objets usuels d’alors et même des aliments. Cela nous permet de découvrir en détail comment vivaient nos ancêtres. Il ne se passe pas un jour sans que nous excavions de précieux trésors historiques !»
Feu mystérieux
Duncan Wilson, directeur général d’Historic England qui finance une partie des recherches, est aussi enthousiaste : «Ces découvertes ont bouleversé notre connaissance de l’âge du bronze et remis en question bon nombre de certitudes».
Le seul mystère reste la cause de l’incendie ayant emporté cette colonie de 50 à 80 habitants. «Il a peut-être été délibéré afin de dégager une partie du village pour y construire une nouvelle maison, mais aurait mal tourné», note le Dr Karl Harrison, spécialiste en archéologie médico-légale. «Il pourrait aussi s’agir d’un rituel. Ou ce serait un feu bouté par des assaillants.»
Les structures se sont ensuite effondrées verticalement et les toits lourds ont tout emporté avec eux… Quoi qu’il en soit, le village ravagé avait moins d’un an. Les archéologues ont constaté que le bois des habitations était encore vert et qu’aucune d’elles ne portait des traces d’usure ou de réparations.
Équipement moderne
Mais le plus fascinant est l’aménagement du village. Construites sur pilotis, les maisons rondes étaient hyper-équipées avec pots, seaux, chaudrons, plateaux en bois, tasses et bols en argile, outils en métal, outils en pierre pour broyer les grains, poignards en bronze, métiers à tisser, vêtements en écorce de tilleul et textiles tissés pouvant avoir été utilisés comme tapis ou tentures murales !
Menu passé au crible
Les chercheurs ont aussi examiné les habitudes alimentaires, les restes suggérant que les villageois mangeaient des sangliers, cerfs, veaux, agneaux et poissons d’eau douce tels que le brochet. Chaque foyer possédait un espace pour stocker la viande et un autre pour la cuire. Les gourmets cultivaient aussi blé et orge.
Même leurs excréments sont sources de renseignements. Tous souffraient du ténia ! «Ce type de parasite intestinal se propage en mangeant des animaux aquatiques crus : amphibiens, mollusques, etc.», explique l’archéologue Piers Mitchell. «Vivre en zone humide peut les avoir protégé de certains parasites, mais les a mis en danger avec d’autres ! Par ailleurs, humains et chiens avaient des vers similaires, cela suggère que les hommes partageaient leur nourriture avec leurs animaux de compagnie.»
Coquetteries
Bien loin de ces infos peu ragoutantes, la population semble avoir soigné son apparence en fabriquant ses propres textiles de haute qualité, dont le lin. Certains étaient créés avec des fils aussi fins qu’un cheveu humain et sont parmi les plus beaux exemples trouvés en Europe.
Les chercheurs ont, par ailleurs, mis la main sur des perles de verre exotiques provenant d’un collier élaboré. «Je suis sûr que nous ne sommes pas au bout de nos surprises !», s’enthousiasme Mark Knight.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 7/1/2021
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