Mousquetaires, en garde !

Image extraite du film «Les Trois mousquetaires 2» diffusé ce dimanche sur C8 © France 3

Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan. La simple évocation de leurs noms fait résonner bruits d’épées et frémissements de moustaches. Mais les véritables mousquetaires étaient-ils vraiment ces valeureux soldats croisant le fer pour défendre la veuve et l’orphelin ?

Les deux volets des «Trois mousquetaires» de Bernard Borderie dimanche à 21h10 sur C8, un «Secret d’Histoire» consacré au plus célèbre d’entre eux mercredi sur France 3 mercredi à 21h10, la sortie d’un long-métrage mettant en scène François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï…

Cette semaine est placée sous le signe des personnages popularisés par la trilogie d’Alexandre Dumas (1802-1870), inspirée des pseudo-mémoires de D’Artagnan rédigées par un mousquetaire reconverti dans l’écriture, Gatien Courtilz de Sandras, en 1700. Mais l’image romantique des quatre compères aurait-elle fini par l’emporter sur la réalité ?

De bleu et de feu

En 1622, le roi de France Louis XIII fait face à la révolte des protestants et craint de subir le même sort que ses prédécesseurs, morts assassinés. Il s’entoure de cinquante gentilshommes et forme la compagnie des mousquetaires. Armés non pas d’épées, mais de mousquets (encombrantes armes à feu qui se fixaient au sol sur une fourche et s’allumaient à l’aide d’une mèche), ils se déplacent à cheval, mais combattent à pieds. Les mousquetaires sont parmi les premiers à être dotés d’un uniforme. En symbole de leur fidélité à la Maison du Roi, ils reçoivent la casaque (manteau à larges manches) du bleu royal et frappée d’une croix, signe de leur lutte au service de Dieu.

En famille

Les liens qui les unissent sont très forts. Et se resserrent avec l’arrivée en 1634 du comte de Tréville comme capitaine-lieutenant, celui-ci embrigadant volontiers ses proches. Il a notamment des cousins aux patronymes qui ne sont pas sans rappeler certains personnages littéraires : Henri d’Aramitz, Armand d’Athos ou Charles de Batz de Castelmore, plus connu sous le nom de D’Artagnan…

Les mousquetaires sont de préférence recrutés parmi les cadets gascons, «capdet» signifiant «capitaine». Dans cette région, les puinés, privés de la possibilité d’étudier dans une coûteuse académie comme leur aîné, n’avaient d’autre choix que de suivre une formation d’officier. Les compagnies de mousquetaires font alors partie du cursus classique. Vers 14 ans, les garçons entrent dans une académie de gentilshommes pour apprendre l’escrime et l’art équestre, puis passent ensuite un an ou deux chez les mousquetaires avant de postuler aux Gardes françaises.

Noblesse mortelle

Parfois chargés d’exécuter des basses œuvres, les mousquetaires jouent le rôle de la police en s’emparant de châteaux d’opposants politiques ou en réprimant dans la brutalité les insurgés. Dissoute en 1646 par le ministre d’État Mazarin, la compagnie est reconstituée à sa mort en 1661 par Louis XIV. En ces temps de réorganisation de l’armée, le roi utilise sa Maison pour faire des expérimentations, faisant des mousquetaires une troupe d’élite. Celle-ci est constituée de «jeunes gens biens nés, qui vont passer leur vie à montrer à quel point ils méritent d’être biens nés», explique Hervé Drévillon, professeur en histoire moderne à l’Université de Paris I, dans une conférence intitulée «Les Vrais mousquetaires». Pour être dignes des valeurs militaires et nobles, les mousquetaires affrontent la mort sans crainte.

Culte de la mort

«Un pour tous, tous pour un» ? Pas du tout ! La devise des mousquetaires était «Quo ruit et letum», «Là où elle s’abat, la mort aussi». Elle ? Une bombe, un boulet chargé de poudre que l’on lance sur une ville. Les mousquetaires, supposément fine fleur de la noblesse combattant avec panache, s’identifient donc à la mort dans ce qu’elle a de moins héroïque. «Leur culte, c’est le culte de la mort. (…) Voilà leur identité : semer la mort et la terreur», ajoute Hervé Drévillon. Mais les tactiques de guerre changent, les mousquetaires et leur fougue ont fait leur temps. Reformée de manière anecdotique au moment de la Restauration entre 1814 et 1816, la compagnie fut dissoute en 1775 par des réformes visant à faire des économies.

Cet article est paru dans le Télépro du 6/4/2023

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