Mégafeux : il suffirait d’une étincelle !

En 2017, l’incendie baptisé Thomas a dévasté plus de 18.000 hectares et forcé l’évacuation de 27.000 personnes en Californie © Arte/USFS/Kari Greer

Les forêts de la planète brûlent. Qui peut encore arrêter ces mégafeux ?

Début 2020, les journaux ne parlaient que de ça : de gigantesques incendies ravageaient l’Australie. Les feux ont duré plusieurs mois, détruit l’équivalent de six fois la Belgique, tué près de 500 personnes et 3 milliards d’animaux. En septembre, c’est le ciel de San Francisco qui rougeoyait des feux de forêt dans l’Ouest américain…

Ces incendies incontrôlables ont désormais un nom : mégafeux. Mardi à 20h50, Arte s’intéresse au phénomène dans «Incendies géants. Enquête sur un nouveau fléau».

Prisonnier du brasier

Quand on parle de feu de forêt, on songe au Midi, aux garrigues et au maquis. Un phénomène saisonnier et localisé. Mais depuis quelques années, les feux de forêt prennent une tout autre ampleur. Ils sont désormais si immenses et intenses que les pompiers ne peuvent plus lutter.

En Californie, de tels incendies sont devenus réguliers. En 2018, un feu né en forêt a pratiquement rayé de la carte la ville de Paradise. Quelque temps auparavant, c’est une ville canadienne qui subissait le même sort. En Amazonie, en Russie, en Indonésie…, partout, la forêt brûle.

L’Europe n’est pas en reste. Au printemps 2017, le Portugal a dû faire face à son premier mégafeu. Un incendie incontrôlable qui causa la mort de 66 personnes. À l’automne, d’autres gigantesques feux de forêts firent une quarantaine de victimes supplémentaires dans le pays. L’été suivant, c’est la forêt grecque qui s’enflamme. Dans la petite station balnéaire de Mati, à une quarantaine de kilomètres d’Athènes, une centaine de personnes restent prisonnières du brasier.

Risques d’orages

Ces feux ont une origine humaine. On ne parle pas ici du mégot mal éteint ou de l’acte malveillant. Il s’agit de causes plus globales, liées au réchauffement climatique. Pour chaque degré supplémentaire, un arbre aurait besoin de 20 % d’eau en plus. Or l’apport en eau diminue. Du coup, les arbres s’affaiblissent et se dessèchent.

Dans le même temps, la hausse des températures favorise la prolifération de maladies et de parasites, comme le scolyte, qui contribuent également au dépérissement des arbres. Il suffit alors d’une étincelle pour les embraser… Et des étincelles, il n’en manque pas puisque la hausse des températures s’accompagne aussi d’une augmentation du nombre d’orages.

Combattre le feu par le feu

Les spécialistes soulignent un autre problème. Depuis le Big Burn, le plus gros incendie des États-Unis, qui ravagea plus d’un million d’hectares en 1910, les pompiers se doivent d’éteindre dans l’heure tout incendie en forêt. Or, le feu est essentiel à cet écosystème. Il contribue à éliminer le bois mort, à créer des clairières… Et tout cela permet d’éviter la propagation de gros incendies.

Lorsque le feu arrive dans une zone déjà brûlée, il ne trouve plus de combustible et s’arrête naturellement. Et si on s’inspirait de la nature ? Et si on procédait à des brûlages contrôlés pour créer des zones tampons ? Scientifiques et pompiers réfléchissent désormais à combattre les mégafeux par le feu.

Jusqu’en Belgique

Si un mégafeu devait se déclarer en Belgique, ce serait probablement en Ardenne, en Fagnes ou en Campine. Nos régions ne sont cependant pas balayées par des vents susceptibles d’attiser les flammes. Le risque est donc limité.

En revanche, nous subissons les fumées de tous les incendies de la planète. Lors des feux en Australie, les fumées ont fait le tour du globe en deux semaines. Porteuses de particules et de gaz toxiques, elles ont contribué à la pollution de l’air. Ce n’est pas sans conséquence quand on sait que, chaque année, 10.000 Belges meurent prématurément de causes liées à la pollution atmosphérique. Ce chiffre pourrait augmenter si les mégafeux se multipliaient.

Cet article est paru dans le Télépro du 1/7/2021

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