Markermeer aux Pays-Bas : l’un des plus grands lacs d’Europe !

Le joli village de Durgerdam, le long d'une digue bordant le Markermeer © Getty Images

Désertée par la faune et la flore, l’une des plus vastes étendues d’eau douce d’Europe occidentale, proche d’Amsterdam, renaît peu à peu.

Sur l’immense lac de Marken (ou Markermeer, 700 km2 !), au nord-ouest d’Amsterdam, un archipel de cinq îles artificielles est construit depuis 2016. Le but ? Retrouver la vie aquatique d’antan, disparue au fil des décennies. C’est l’une des plus grandes opérations de restauration de la nature en Europe. À voir dans le documentaire «Les Îles de la dernière chance» (Arte, vendredi).

Béton contre poissons

Avec une si vaste étendue d’eau, ce lac a toujours été au centre de multiples projets. En 1891, le Markermeer fait partie de l’Ijsselmeer : le lac voisin, au nord, d’une superficie de 1.100 km 2 . À l’époque jaillit l’idée que cette portion sud soit «poldérisée» (gain de terre sur la mer), par endiguement et assèchement. Les polders créés seraient valorisés par l’agriculture, l’urbanisation et des infrastructures.

En 1957, un nouveau projet, le Markerwaard, voit le jour, lorsque l’île de Marken est reliée, grâce à une digue, à la Hollande, région des Pays-Bas. L’idée d’une poldérisation du lac de Marken fait son retour. En 1976, une digue de 30 km est alors construite à la frontière de l’Ijsselmeer et le début des travaux se concrétisent. Le lac de Marken est alors déconnecté de la mer et des rivières environnantes.

La vie disparaît

Les débats autour de la réalisation du Markerwaard durent plus de vingt ans et, en 2003, le projet se meurt. La vie aquatique du lac aussi. À cause de la digue, les sédiments n’ont plus été emportés par le courant. Petit à petit, l’eau s’est troublée ce qui a nui à la faune et la flore marine. Les algues ne se sont plus développées, la nourriture a manqué et la population d’insectes et d’oiseaux a diminué drastiquement.

Îlots artificiels

L’idée d’un renouveau écologique pour le Markermeer apparaît en avril 2007, avec un nouveau projet : le Marker Wadden. L’objectif de ce programme est de créer des réserves naturelles en construisant des îlots artificiels dans le lac. Après validation du plan par la Commission européenne en 2009, les travaux commencent sept ans plus tard.

Le chantier d’envergure est initié par la société de la préservation de la nature Natuurmonumenten : cinq îles artificielles, dont une réservée aux visiteurs, ainsi que des marais et des vasières fabriqués grâce à la récupération des dépôts de sédiments, accumulés au fond du lac. Au total, 700 hectares d’îles sont construites avec du limon, des particules entre le sable et l’argile. Ce qui permet de créer des zones marécageuses, favorisant le développement de nombreuses plantes.

Enjeu national

Depuis 2018, grâce à l’apparition des premiers îlots, 30.000 hirondelles ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux et 127 espèces de plantes se sont développées sur l’archipel. Des chiffres en constante évolution puisqu’après cinq ans de travaux, plus de 650 espèces végétales et animales occupent les lieux, signant le grand retour d’une vaste biodiversité dans cette région. L’opération de restauration du Markermeer a aussi un enjeu national : ce lac permet de réguler le niveau d’eau du reste du pays. Non négligeable, lorsqu’environ 60 % des terres sont situées sous le niveau de la mer !

Texte : Laurick AYOUB

Cet article est paru dans le Télépro du 14/4/2022

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