Marie de Bourgogne : une princesse au destin tragique
Dernière représentante de sa dynastie, Marie de Bourgogne contracte un mariage qui va influencer la géopolitique européenne pendant plusieurs siècles.
Avec une naissance à Bruxelles, une enfance à Gand et une mort à Bruges, Marie de Bourgogne est sans doute la plus belge des membres de la brillante dynastie des ducs de Bourgogne. Lundi à 21h05 dans «Secrets d’Histoire» sur France 3, Stéphane Bern retrace le destin tragique de cette riche héritière comptant parmi les plus convoitées d’Europe.
Née au palais de Coudenberg à Bruxelles en 1457, la jeune Marie est la fille unique d’Isabelle de Bourbon et de l’ambitieux Charles le Téméraire. Son père règne sur le faste duché de Bourgogne, une principauté presque aussi puissante que le royaume de France. Ses possessions s’étendent alors du riche berceau bourguignon à la Hollande, en passant par le nord de la France, le Luxembourg et les opulentes contrées de Flandre.
La fillette vit une enfance heureuse au sein du Prinsenhof de Gand, avant de connaître un premier drame – le décès de sa mère – à 8 ans. Délaissée par son père occupé à gérer ses possessions, la princesse peut, ensuite, compter sur l’affection de sa belle-mère, Marguerite d’York.
Duchesse à 19 ans
En janvier 1477, Charles le Téméraire, obsédé par les conquêtes, trouve la mort alors qu’il tente de s’emparer de la Lorraine. À près de 20 ans, Marie se retrouve à la tête d’un immense territoire et d’une fortune colossale. Courageuse, intelligente et diplomate, elle compte bien défendre son héritage face à l’appétit du roi de France Louis XI, son propre parrain ! Alors que ce dernier envoie ses troupes conquérir la Bourgogne et la Picardie, la duchesse fait face à la révolte des puissantes villes flamandes, où bat le cœur politique et économique de l’État.
Pour être légitimement reconnue par ses sujets, elle est contrainte de leur accorder davantage d’autonomie en signant le «Grand privilège». Face à la crise qu’elle traverse, Marie ne voit qu’une seule issue : trouver un mari. Certes, elle a reçu une éducation politique et a les épaules pour gouverner, mais elle ne peut assumer le pouvoir militaire.
Son point faible ? Être une femme, non mariée, qui plus est ! Toutefois, son titre de plus riche héritière d’Europe attire de nombreux prétendants. Parmi les options de mariage, Marie privilégie celle envisagée par son père lui-même : Maximilien d’Autriche, fils de l’empereur Frédéric III de Habsbourg.
Mariage à Bruges
Lorsque le jeune promis arrive à Gand, il est accueilli en héros. Malgré la barrière de la langue – elle parle français et néerlandais, lui allemand -, le couple fait preuve de complicité. Le mariage est célébré au Béguinage de Bruges. Et rapidement, cette union de raison se transforme en belle histoire d’amour, de laquelle naissent deux enfants, les futurs Philippe le Beau et Marguerite d’Autriche.
Après la tempête, le calme revient dans les Pays-Bas bourguignons : Maximilien défend avec énergie les possessions de son épouse, tandis que Marie s’affirme comme la figure légitime sur le plan politique. Le bonheur est de courte durée. À la fin de l’hiver 1482, au cours d’une partie de chasse aux faucons dans les bois de Wynendaele, près de Bruges, la duchesse est victime d’une chute de cheval.
Agonisant durant plusieurs jours, elle a le temps de préparer son testament et de confier la régence du duché à Maximilien. À 25 ans, la jeune et forte Marie de Bourgogne s’éteint, non sans avoir sauvé ses riches possessions et tracé la voie vers un immense empire, celui de son petit-fils, un certain Charles Quint…
Cet article est paru dans le Télépro du 22/4/2021
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