Mao Zedong, le « Grand Timonier »
Encore vénéré aujourd’hui, ce fils de paysan devenu dirigeant totalitaire a marqué la Chine du XXe siècle.
Avec sa « Longue marche », son « Grand Bond en avant » et sa « Révolution culturelle », Mao Zedong (ou Mao Tsé-Toung) (1893-1976) a marqué de son empreinte le XXe siècle chinois. Mardi à 20h55 avec «Mao, l’empereur rouge», Arte brosse le portrait, en trois volets, de celui dont Xi Jinping se présente comme l’héritier politique.
En 1911, à bientôt 18 ans, Mao, ce fils de riches paysans du Hunan qui obtiendra un brevet d’instituteur, assiste à l’effondrement de la Chine impériale : le 10 octobre (le « Double-Dix »), les troupes républicaines renversent la dynastie mandchoue. S’ensuivent des années de violences et de guerre civile. Des ruines de l’Empire ancestral vont naître deux courants politiques : les nationalistes du parti Guomindang, dirigés par Sun Yat-sen puis par le général Tchang Kaï-chek, et les communistes, inspirés par la révolution bolchevik de Lénine. Le jeune Mao, dont la conscience politique s’éveille et qui rêve de voir la Chine renouer avec sa grandeur passée, rejoint le second clan et gravit rapidement les échelons du nouveau Parti communiste chinois.
Une « Longue marche »
En octobre 1934, alors que les communistes sont assiégés par les troupes nationalistes, il emmène ses partisans dans une « Longue marche » qui, selon les termes de l’historien André Larané, est vue « non sans raison comme un spectaculaire exploit collectif, une anabase des temps modernes ». Un an plus tard, après un parcours de 12.000 kilomètres ponctué de milliers de désertions, il arrive à l’autre bout du pays et prend la tête de l’Armée rouge, avant de devenir le chef incontesté des communistes.
Au terme de cette guerre civile entre partis nationaliste et communiste, Mao s’empare du pouvoir et proclame la République populaire de Chine le 1er octobre 1949. Un million de nationalistes se réfugient alors sur l’île de Taïwan, en quête d’indépendance – un conflit auquel le président actuel tente aujourd’hui de mettre un terme.
Populations affamées
Convaincu par la doctrine marxiste, le nouveau dirigeant engage, au niveau intérieur, des réformes brutales et des campagnes de collectivisation des terres. En 1958, il lance le « Grand Bond en avant », censé faire de son pays une puissance mondiale. Cette nouvelle politique économique basée sur la production d’acier – intensification des rythmes de travail et du contrôle sur les ouvriers, au détriment des autres activités économiques – provoque surtout l’une des plus grandes famines de l’Histoire et des dizaines de millions de morts.
Cet échec vaut à Mao d’être un temps écarté du pouvoir, avant de revenir en force avec l’aide de son épouse Jiang Qing. En 1966, le culte du « Grand Timonier » atteint son apogée lorsqu’il publie son « Petit Livre rouge » et lance sa « Révolution culturelle » contre les coutumes et valeurs du passé. Cette révolte de la jeunesse s’accompagne de violences et de persécutions menées par les Gardes rouges, une armée d’étudiants. Malgré le climat de terreur et de chaos instauré et les millions de morts qui en découlent, Mao maintient sa place de numéro un du régime jusqu’à sa mort à 82 ans, le 9 septembre 1976.
« La propagande présentait Mao comme un jeune ascète désintéressé consacrant sa vie à la révolution pour le bonheur du peuple », écrit Stéphane Courtois dans « Mao : fin de légende » (L’Histoire). « En réalité, il était un homme prêt à tout – assassinats de masse, empoisonnement de ses concurrents au sein de la direction, tortures, trahisons – pour assouvir sa volonté de puissance. » Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands tueurs de masse du XXe siècle – il est responsable de la mort d’environ 70 millions de Chinois -, le dictateur communiste n’en reste pas moins vénéré dans l’ancien Empire du Milieu. Trônant au centre de Pékin, son mausolée et sa dépouille embaumée continuent d’ailleurs d’entretenir sa légende.
Cet article est paru dans le Télépro du 12/9/2024
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