Mammifères : la fureur de survivre

Conté par Virginie Efira, le documentaire « Mammifères, les champions de la survie » proposé mardi à 21h10 par France 2 nous fait découvrir les remarquables stratégies de survie des mammifères face au changement climatique.

Aventureux, protecteurs envers leurs petits et ingénieux, les mammifères développent sans relâche leur audace pour s’adapter à leur environnement. Mais, depuis que l’être humain a décidé de jouer avec le thermomètre mondial, comment gèrent-ils ce grand bouleversement ?

Wonder maman

Parmi les clés essentielles du succès de la survie des mammifères, l’on retrouve la protection des petits. En général, cette tâche est menée à bien par la mère. Par exemple, les bébés dauphins restent scotchés à elle au moins 18 mois et, si elle perd de vue son rejeton, maman dauphin peut pousser un cri spécifique qui sera reconnu par sa progéniture uniquement. Chez les oursonnes, il faut parfois protéger les petits d’un prédateur bien particulier : leur père. « Celui-ci étant extrêmement possessif avec la femelle, il pourrait arriver qu’il tente de tuer les oursons pour se réaccaparer l’attention de l’ourse », indique la RTBF.

Résultat, maman ours est contrainte de déménager de tanière en tanière, afin de semer le furieux géniteur. Et, lorsque le réchauffement climatique raréfie les ressources pour les animaux, les mères placent, là encore, bien souvent leurs marmots au centre de leurs préoccupations. À l’instar de cette tigresse du Bengale filmée dans le documentaire. « Alors qu’elle est tenaillée par la faim, elle réussit à capturer un cerf sambar », détaille-t-on dans le film. « Mais, surprise, elle ne le dévore pas tout de suite, car elle destine cette proie de choix à ses petits. »

L’union fait la force

Loin d’être une évidence pour tous les humains, de nombreux mammifères l’ont pourtant bien compris : la solidarité est primordiale pour espérer survivre, surtout en période de bouleversement climatique. C’est le credo des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest lorsqu’ils chassent. Pendant qu’une partie effraie les proies, les autres sont postés en embuscade pour récupérer le repas en fuite. Point primordial, jeunes ou plus âgés, peu importe si l’on a participé à la chasse ou non, tout le monde partage le festin.

Outre cette entraide « familiale », des espèces collaborent également avec des congénères étrangers. « Dans le désert aride d’Afrique, un phénomène fascinant se produit : les babouins, perchés tout en haut des arbres, laissent tomber des fruits pour nourrir les éléphants », détaille le média Brut. « Un geste de coopération auquel les scientifiques ne trouvent pas d‘explication. »

Chimpanzés ouvriers

Suite aux grandes sécheresses successives dans leurs contrées, les chimpanzés du Sénégal et d’Ouganda ont vu l’eau potable se raréfier dramatiquement. Un nouveau comportement culturel a alors été observé par les scientifiques. « Certaines populations de chimpanzés se sont mises à creuser des puits dans le sable afin d’obtenir de l’eau filtrée », indique un rapport de Geographia Technica. Une nouvelle technique qui est apparue indépendamment dans différentes populations de chimpanzés. « D’abord en 1995, au Sénégal, lors d’un déficit pluviométrique croissant, puis en 1997 en Ouganda, sur le deuxième site le plus chaud et sec, comme une adaptation face à cet accroissement de la sécheresse. »​ ​

Nouvelle coupe ?

Ça ne se voit pas forcément lorsque l’on est Monsieur et Madame Tout-le-Monde, mais ça saute plus facilement aux yeux des scientifiques dédiés au monde animal : certaines espèces voient leur apparence physique modifiée par le réchauffement climatique. « C’est la règle d’Allen, du nom du zoologiste qui l’a théorisée à la fin du XIX^e siècle. Cette dernière indique que les organismes vivant sous des climats chauds sont pourvus de plus gros membres par rapport à leur taille, pour mieux dissiper la chaleur interne, l’inverse valant pour les climats froids », relate le National Geographic. C’est en comparant des spécimens de musées et des données de terrain que les scientifiques ont pu constater, par exemple, que les lapins de garennes possèdent des oreilles bien plus longues que celles de leurs ancêtres.

Survivre caché, pour vivre heureux

En Alaska, les écureuils voient leur précieuse hibernation perturbée par le réchauffement climatique. Avec des températures qui augmentent plus tôt que d’habitude, les femelles écureuils peuvent sortir de leur torpeur en avance, ce qui n’est pas le cas des mâles. « Si cette tendance à l’émergence de plus en plus précoce des femelles se poursuit et que les mâles ne s’adaptent pas, il pourrait y avoir un décalage entre le moment où les mâles et les femelles sont capables de se reproduire et celui où ils sont disponibles pour s’accoupler », relate Libération. Ailleurs sur le globe, d’autres animaux sont contraints de se cacher, non pas pour cause d’hibernation, mais pour échapper aux catastrophes qui déciment leur habitat. En Australie, où les incendies sont malheureusement monnaie courante, certains mammifères, dont le wombat, ont adopté un réflexe étonnant pour s’adapter à cette nature en feu : s’enterrer dans le sol en attendant que les flammes se calment. Même stratégie pour les pangolins en Asie et en Afrique, de plus en plus mis en danger, eux aussi, par les incendies de forêts.