Malin, le lin !

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Oubliez le polyester et la rayonne : le lin fait son grand retour.

Naturel, local, durable, biodégradable…, matériau zéro déchet et zéro défaut. À la fois fluide et résistant, absorbant et respirant, le lin est une fibre agréable à porter. C’est le plus vieux textile au monde. Le saviez-vous ? On le trouvait déjà dans l’Égypte antique. C’est aussi l’un des derniers textiles naturels – depuis l’invention de la pétrochimie, les synthétiques ont largement pris le dessus. Et c’est l’un des rares à être végétal. Avec le coton, bien sûr… Mais le coton est cultivé à l’autre bout de la planète, alors que le lin pousse dans nos régions. Comme le rappelle le documentaire de France 5, ce mardi : « Le Lin, ce trésor français ».

De Courtrai à Tournai

Français, mais pas que… 80 % de la production mondiale de lin est issue d’une longue plaine qui traverse le nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas, entre Caen et Amsterdam. Le sol et le climat de cette zone sont parfaits pour l’obtention d’un lin de qualité. En Belgique, la région du lin s’étire de Courtrai à Tournai. Ce terroir est réputé pour produire le lin le plus fin et le plus résistant au monde. Malgré ses indéniables atouts, il a été boudé depuis l’arrivée des textiles synthétiques. Mais il est en train de rebondir. Au cours des dix dernières années, les surfaces cultivées dans nos régions ont plus que doublé. Car certains consommateurs sont demandeurs de fibres naturelles, locales et respectueuses de la planète. Le lin a notamment pour avantage d’être très peu gourmand en eau. On estime qu’il en faut 115 litres pour produire 1 kg de lin fini… contre 10.000 litres pour 1 kg de coton !

Petites fleurs bleues

Les agriculteurs sèment le lin en cette saison : entre la mi-mars et la mi-avril. La plante étant solide, elle ne demande que peu d’intrants chimiques et aucun apport en eau. En une centaine de jours, elle aura atteint 1 mètre de hauteur. On aperçoit d’abord les jolies petites fleurs bleues. Puis, fin juin, les capsules de graines en haut des tiges. Le lin est récolté courant juillet. Il n’est pas coupé, mais arraché, de manière à conserver des fibres aussi longues que possible. Ces tiges sont ensuite posées au sol, où elles resteront plusieurs semaines. C’est le rouissage. L’humidité et le soleil vont permettre aux fibres de se détacher naturellement. Une fois roui, le lin est transporté en ballot pour le teillage. C’est alors une machine qui prend le relais pour extraire la fibre des tiges ligneuses de la plante. Les fibres destinées au textile seront ensuite peignées, filées et tissées. La plupart de ces étapes sont réalisées à l’étranger, notamment en Asie. Le label Masters of Linen garantit toutefois un lin entièrement fabriqué en Europe, tandis que Belgian Linen indique un lin tissé en Belgique.

Un matériau d’avenir

Dans le lin, rien ne se perd. Si les fibres longues sont utilisées pour le textile, le reste de la plante est aussi exploité. Les fibres plus courtes constituent un matériau d’avenir, notamment pour l’automobile et l’aéronautique, où elles pourraient remplacer les fibres de carbone. Les graines de lin produisent quant à elle une huile aux excellentes qualités nutritionnelles. Elles sont donc utilisées dans l’alimentation, mais aussi les cosmétiques ou les détergents. Nos grands-mères utilisaient déjà des savons à l’huile de lin… Quand tout a été exploité, reste le noyau dur de la plante. Il finit en aliment pour le bétail, litière pour les poules ou biogaz. Dans le lin, tout est bien.

Cet article est paru dans le Télépro du 27/3/2025

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