«Making Waves» : la magie du son au cinéma

Le montage son d’«Apocalypse Now» (1979) a pris 18 mois au cinéaste Francis Ford Coppola © Isopix/Lmk/Landmark Media

Musique, bruitages, effets sonores… Pour plonger dans l’atmosphère d’un film, il faut être happé par sa bande-son. Écoutez attentivement le documentaire dédié au son des fictions ce vendredi à 22h40 sur Arte.

Au cinéma, il y a les images mais aussi… le son ! Bien que le (télé)spectateur n’en soit que rarement conscient, sa bande sonore contribue pour beaucoup à l’atmosphère d’un film. «C’est la moitié de l’expérience. Le moyen de faire passer les émotions», affirme George Lucas, réalisateur de la saga «Star Wars». «Le son permet de transporter les gens», souligne son confrère David Lynch. Avec Steven Spielberg, Robert Redford, Barbra Streisand, Sofia Coppola, Christopher Nolan et quelques autres pointures d’Hollywood, ils proposent de découvrir «La Magie du son au cinéma», vendredi, sur Arte.

En direct des coulisses

Le cinéma est né muet. Les frères Lumière, satisfaits de leur invention, ne voient pas l’intérêt d’y ajouter du son. Ils sont bien les seuls… Aux USA, Thomas Edison cherche à associer son phonographe au kinétoscope. Mais les appareils ne fonctionnant pas à la même vitesse, Edison ne parvient pas à synchroniser l’image et le son. En attendant une solution, les projections sont accompagnées par un pianiste, parfois rejoint par quelques acteurs qui créent des voix et des bruitages derrière l’écran.

La voix du monstre

Il faut attendre 1927 pour qu’apparaisse le premier film parlant : «Le Chanteur de jazz». Le succès est tel que l’industrie cinématographique ne pourra plus faire marche arrière. Désormais, tous les films seront sonorisés. La sortie de «King Kong», en 1933, marque une étape. Pour la première fois, il ne s’agit plus de reproduire des voix humaines et des bruits de la vie quotidienne. Il faut créer des sons imaginaires qui vont contribuer à créer le monstre de fiction. Le doc d’Arte a ressorti le témoignage de Murray Spivack, l’ingénieur son de «King Kong», aujourd’hui décédé. «À l’époque, je suis allé dans un zoo, où j’ai enregistré des rugissements. Ensuite, j’ai fait passer les bandes à la moitié de la vitesse normale, et j’ai passé le rugissement du tigre à l’envers sur le rugissement du lion.» Ça a donné la voix de King Kong.

Banques de sons

Au fil des années, les studios hollywoodiens se constituent des bibliothèques sonores. Une porte qui claque, le hennissement d’un cheval, un coup de poing, une explosion, des balles qui sifflent… Un même son se retrouve souvent de film en film. Certains cinéastes refusent cependant cette facilité des «banques de sons» pour créer leur propre univers sonore. C’est notamment le cas d’Alfred Hitchcock, persuadé que le travail spécifique du son (et du silence !) contribue pour beaucoup au climat qu’il souhaite instaurer dans ses films.

Au cœur de l’action

Au tournant des années 1970, la jeune génération des réalisateurs revendique aussi le travail du son. En 1976, Barbra Streisand exige que son film, «A Star Is Born», soit diffusé en stéréo. Grâce au système Dolby, l’expérience d’un film en salle ne sera plus jamais pareille. Mais Francis Ford Coppola veut encore mieux pour la sortie d’«Apocalyse Now», en 1979. Il consacre 18 mois au montage sonore et 9 mois au mixage de son film pour qu’il soit diffusé en «surround», avec des sons venant des quatre coins de la salle. Pour donner l’illusion au spectateur d’être au cœur de l’action !

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 04/02/2021.

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