Majordome : à l’école des factotums
Si ces termes peuvent sembler désuets, la profession qu’ils représentent est depuis quelques années en plein essor !
Lorsque l’on dit majordome, on pense château, luxe, fortune et raffinement. Un nom et un visage s’imposent : Nestor, au service du capitaine Haddock à Moulinsart ! Une époque révolue ?
Pratiquement disparu dans les années 1980, le métier redevient à la mode et, ces dernières années, de nombreuses écoles de «butler» (le mot anglais) génèrent de plus en plus de vocations.
Dans «Reportages découverte» ce samedi à 14h50, TF1 visite les établissements qui forment ces domestiques très qualifiés et la clientèle qui les engage.
Qualité belge
S’il a peu de chance d’apparaître comme métier rêvé par les bambins, à côté des astronautes, médecins ou pompiers, le métier de majordome est, en 2021, toujours d’actualité et connaît peu le chômage. Mais, pour se mettre au service des autres, il faut suivre une formation précise et sérieuse.
Il y aurait moins d’une dizaine d’écoles à travers le monde, dont une en Belgique, à Oostkamp, près de Bruges. La «School for Butlers and Hospitality» a ouvert ses portes en 2013 et, depuis, ne désemplit pas. Les aspirants intendants peuvent y choisir entre différentes formations de 6, 7 ou 8 semaines, pour un coût oscillant entre 7.000 et 15.000 €.
Le montant peut sembler excessif, mais l’école table sur un argument de taille : 80 % des élèves ont trouvé un emploi par l’intermédiaire de l’établissement.
Formation multitâches
Pour devenir un factotum moderne, le site de l’institut brugeois l’affirme, il faut regarder en arrière. «Un majordome, dans notre société de communication, ne peut pas travailler de manière appropriée sans une solide base, de celle que l’on trouvait dans le passé.» De l’art de dresser une table «à l’anglaise» au pliage millimétré d’une serviette, la formation d’un domestique est stricte et variée.
«Arranger les fleurs, préparer et servir les boissons et cocktails, prendre soin des souliers, veiller au confort… sont un petit aperçu de ce qu’une école enseigne», relate La Libre Belgique. «Mais il y a aussi des cours de psychologie et de technologie.»
Discrétion et abnégation
Pour être un serviteur hors pair, les écoles enseignent aussi l’art subtil d’être indispensable tout en étant extrêmement discret. «Le majordome, qui doit trouver réponse à tous les désirs de son employeur, apprendra aussi et surtout la discrétion», relate le magazine Point de Vue dans un reportage sur une école d’Utrecht (Pays-Bas). «Par exemple, quand il apporte le plateau du petit-déjeuner dans la chambre de Madame, il entrera quasiment à reculons, sans oser regarder vers son employeuse qui pourrait ne pas être présentable à cette heure matinale.»
Un métier d’abnégation, dont l’excellence peut être récompensée par un salaire brut allant de 3.000 € à beaucoup plus, selon les employeurs.
Demande croissante
Aujourd’hui, les majordomes sont principalement présents dans les hôtels de luxe. Ils gèrent alors une brigade répondant à toutes les demandes de clients très aisés. Mais certains particuliers désirent aussi s’offrir les services exclusifs d’un factotum formé à l’européenne, «le comble du raffinement», dit-on en hautes sphères.
Le regain pour cette profession est proportionnel à la taille du fossé qui se creuse toujours davantage dans nos sociétés. Il y a de plus en plus de très grosses fortunes dans le monde qui attendent de leur «butler» d’être le chef d’orchestre de leur vie à l’agenda chargé.
«La demande continue à augmenter, mais encore plus la demande en leurs compétences», explique Vincent Vermeulen, fondateur de l’école d’Oostkamp. «Se lancer dans une telle carrière peut relever du défi, mais celui qui persévère peut espérer travailler dans les plus beaux endroits du monde.»
Cet article est paru dans le Télépro du 2/12/2021
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