Maginot, la ligne fixe
Dans les années 1930, la France et l’Allemagne fortifient leurs frontières pour éviter une nouvelle guerre. La ligne Maginot et la ligne Siegfried devaient être infranchissables… Ce samedi à 21h45, La Trois diffuse le documentaire «La Guerre des lignes : Maginot vs Siegfried».
«On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried» : c’est le tube de l’année 1940. Écrit en anglais sur un air parodiant les chansons militaires, il est adapté en français pour Ray Ventura. L’artiste vient de triompher avec «Tout va très bien, Madame le Marquise» et «Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine». Son nouveau titre est un succès immédiat. Il ironise pourtant sur la guerre qui arrive… Car la ligne Siegfried, c’est le système de fortifications allemandes qui fait face à son équivalent français : la ligne Maginot. Samedi, La Trois revient sur cette escalade défensive avec le documentaire «La Guerre des lignes. Maginot vs Siegfried».
La paix à tout prix
Tout commence côté français avec Maginot. Ancien poilu de 14-18, André Maginot est nommé ministre des Pensions au sortir de la guerre. Parmi ses compétences, il a les anciens combattants. À ce titre, Maginot est connu pour avoir organisé le transfert du soldat inconnu sous la voûte parisienne de l’arc de Triomphe. En 1922, Maginot est désigné ministre de la Guerre. Blessé au front en 1914, issu d’une famille qui a dû fuir sa Lorraine natale face aux troupes du Kaiser, le ministre n’a qu’une idée en tête : préserver la paix à tout prix. Il lance alors l’idée d’une ligne de défense qui protégerait la France d’une nouvelle invasion allemande. Cela lui semble d’autant plus important que l’Hexagone est face à un problème démographique. Le pays a perdu beaucoup d’hommes à la guerre et il s’ensuit un important déficit de naissances. S’il devait y avoir une nouvelle guerre, la France aurait donc moins de soldats dans ses rangs…
Une idée très coûteuse
Maginot se bat plusieurs années pour imposer l’idée. D’autant qu’elle est très coûteuse. Il fait aussi face à un adversaire de poids : le maréchal Pétain, héros de 14-18, est opposé au projet. Maginot finit par se fâcher : «Ce n’est pas Pétain qui commande, c’est le ministre de la Guerre !» Maginot emporte donc la bataille. La construction de sa ligne de fortifications débute en 1929… à Menton, dans le sud de la France. Car, à l’époque, l’Italie fasciste semble plus dangereuse que l’Allemagne nazie. Entre 1929 et 1940, le chantier se poursuit sur 700 km, de la Méditerranée à la Manche. André Maginot n’en verra pas la fin. Il décède en 1932, à l’âge de 54 ans. La France lui fait des obsèques nationales. Et ce que l’on appelait jusque-là «fortification permanente» prend le nom de «ligne Maginot».
Par la Belgique
Celle-ci est constituée de dispositifs hétéroclites. Des lignes de barbelés pour arrêter l’infanterie. Des rails antichars pour empêcher le passage des véhicules ennemis. Des constructions bétonnées, parfois blindées, pour abriter les hommes, les armes et les munitions… Face au projet Maginot, Hitler décide en 1936 de construire sa propre ligne de fortifications : le Westwall, que les Français ont rapidement surnommé «la ligne Siegfried». 630 km, 18.000 bunkers… L’investissement est tout aussi gigantesque. Ni la ligne Siegfried ni la ligne Maginot n’empêcheront cependant la Seconde Guerre mondiale. En mai 1940, l’Allemagne entame l’offensive via la Belgique. Hitler contourne ainsi le dispositif français, qui avait pourtant la réputation d’être infranchissable. Puis, contrairement à celle de 1914, la guerre de 1940 se déplace très vite, rendant les deux lignes aussi inutiles l’une que l’autre. Dès 1942, Hitler comprend que ce n’est plus sur la frontière franco-allemande que la guerre se joue. Il lance donc la construction d’autres fortifications : le mur de l’Atlantique, censé éviter un débarquement allié…
Cet article est paru dans le Télépro du 21/3/2024
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