L’ours, même mal léché, et ses qualités…
Pour son métabolisme remarquable et son impressionnante masse musculaire, l’ours intéresse la recherche médicale. Qui y voit peut-être la solution pour combattre les maladies cardiovasculaires chez l’être humain.
Véritable fléau dans notre société, les troubles cardio-cérébro-vasculaires tuent chaque jour en moyenne cent personnes en Belgique. En cause : l’hypertension, un taux de cholestérol trop élevé, une mauvaise alimentation, le tabac, le surpoids ou l’inactivité.
Mis à part la cigarette, l’ours cumule tous ces travers. Pourtant, il n’a pas un poil de cholestérol ! Quel est son secret ? C’est ce que tente de découvrir «Matière grise», ce mercredi à 22.30 sur La Une.
Ours au grand cœur
L’ours brun passe le plus clair de son temps à manger. Parfois jusqu’à 20 kilos de nourriture par jour ! Si l’homme menait un tel train de vie, l’on ne donnerait pas cher de sa peau…
Obèse, le colosse rondouillard affiche néanmoins un bilan de santé impeccable sur tous les points. À la saison hivernale, il regagne sa tanière pour hiberner durant six mois. Il demeure alors parfaitement inactif, ne mange ni ne boit, n’urine ni ne défèque. Il dort. Son cœur bat au ralenti au point de frôler l’insuffisance cardiaque.
Tout être humain succomberait à pareille fréquence. Fait extraordinaire : il se réveillera au printemps, frais comme une rose, avec des biceps gonflés à bloc !
Les scientifiques en sont convaincus : percer le mystère du mécanisme miraculeux de ce plantigrade pourrait améliorer considérablement la santé des patients en insuffisance cardiaque et aider les personnes en état de faiblesse à retrouver leur masse musculaire.
Des protéines en or !
Son secret ? Il coule dans ses veines. De prodigieuses protéines contenues dans son sang augmenteraient la taille de ses cellules musculaires. Un tel phénomène pourrait conduire à des traitements novateurs…
C’est ce que pense le Dr Étienne Lefai, chercheur au sein de l’Unité mixte de recherche INRA en Nutrition Humaine de Clermont-Ferrand et spécialiste du métabolisme du tissu musculaire. «En appliquant du sérum d’ours d’hiver – qui a des propriétés que l’on ne retrouve pas dans le sérum d’ours d’été – à des cellules musculaires humaines en culture, on reproduit les mécanismes qui se passent chez l’ours.»
Pourrait-on dès lors soigner les cas d’atrophie musculaire ? Les recherches mériteraient d’être approfondies car «pour l’instant, le sérum n’a été testé que sur des cellules saines». Une avancée inespérée pour «les personnes âgées, mais aussi les astronautes, particulièrement concernés par les problèmes d’atrophie musculaire causée par l’apesanteur».
Le scientifique espère aussi trouver en l’ours le moyen de lutter contre les «troubles cardiovasculaires, neurologiques, les pathologies rénales ou l’ostéoporose».
En attendant, il nous livre de précieux conseils pour rester costaud : «se lever de sa chaise et marcher quelques minutes tous les jours». Tout en insistant sur la nécessité de garder une «alimentation équilibrée et diversifiée».
Article paru dans le magazine Télépro du 12/12/2019
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