Louis Blériot : vol au-dessus de la Manche
En juillet 1909, le Français Louis Blériot rejoint l’Angleterre en avion. Une prouesse qui le propulse au rang de père de l’aviation moderne.
Avant son exploit, Louis Blériot collectionne les quolibets d’un autre genre : «l’homme qui tombe», «Blériot la casse», ou encore «le roi des pâquerettes». Pour autant, ses nombreux échecs ne découragent pas l’ingénieur qui est le premier à traverser la Manche en avion. Une aventure retracée samedi à 20h50 sur Arte, dans «Blériot, l’impossible traversée».
Issu d’une famille d’industriels du textile, Louis Blériot, né à Cambrai en 1872, se passionne pour les sciences et obtient son diplôme d’ingénieur à Paris. Avant de regarder vers le ciel, il se tourne vers la route et entame une carrière dans l’industrie automobile. Pourtant, plus que les voitures, ce sont les avions qui le passionnent.
Passion dévorante
À l’époque, l’envie de voler est omniprésente. L’ingénieur touche-à-tout est inspiré par les grands noms de l’aviation naissante. Le succès de son entreprise de phares automobiles lui permet de financer son aventure aéronautique.
Soutenu par son épouse Alicia, Louis Blériot multiplie les prototypes de machines volantes : le Canard, la Libellule, les Blériot I, II, III… Il s’associe durant un temps à Gabriel Voisin, pionnier de l’aéronautique, avec lequel il expérimente un biplan sur la Seine. Loin d’être découragé par ses nombreux échecs, l’ingénieur poursuit sa quête de l’avion parfait et imagine même un véritable gouvernail permettant de piloter avec plus d’aisance.
En 1908, le propriétaire du Daily Mail, quotidien britannique, lance un défi : le premier qui réussira à traverser la Manche avec un «plus lourd que l’air» repartira avec la somme de 1.000 livres sterling. Une course contre la montre est lancée.
Le 19 juillet 1909, l’Anglais Hubert Latham tente sa chance, mais son monoplan s’échoue dans la mer. Quelques jours après l’échec de son rival repêché sain et sauf, Louis Blériot espère faire mieux à bord de son Blériot XI, aux ailes recourbées et au moteur pas plus puissant que celui d’une mobylette.
Pari gagné !
Au bord de la ruine, fatigué, blessé (une fuite d’huile de moteur lui a brûlé la jambe et l’oblige à se déplacer en béquilles) et ne sachant pas nager, l’homme de 37 ans veut y croire malgré tout. Le 25 juillet, au lever du soleil, il dévale les dunes de Sangatte, près de Calais, et s’élève doucement dans les airs.
«Au-dessus de la terre, les maisons, les bois, les routes apparaissent et disparaissent comme dans un rêve. Au-dessus de l’eau, la vague, la même vague, semble-t-il, se présente toujours à la vue», écrit l’aviateur.
Sans instruments de bord, inexistants à l’époque, Blériot pilote à l’aveugle. Ne voyant plus que les flots, il croit avoir dévié de sa trajectoire lorsqu’il aperçoit enfin les falaises de Douvres dans la brume matinale. Il repère le drapeau tricolore agité par un journaliste français et parvient à se poser dans les hautes herbes d’une prairie. Le pari est gagné : 38 kilomètres parcourus en 37 minutes. Le Daily Mail titre : «L’Angleterre n’est plus une île» !
L’exploit connaît un retentissement mondial et inaugure une nouvelle ère, celle de l’aviation moderne. À son retour à Paris, l’aviateur, propulsé au rang de héros national, est acclamé par la foule. Celui qui chassait les primes quelques jours auparavant voit se remplir le carnet de commandes de son Blériot XI, participe à des meetings aériens, ouvre des écoles de pilotage et organise un salon, ancêtre de l’actuel Salon du Bourget, avant de succomber à une crise cardiaque en 1936.
Cet article est paru dans le Télépro du 30/9/2021
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