L’OMS est-elle gravement malade ?
Tergiversations, jeux d’influence… La crise du covid-19 a révélé les faiblesses de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce mardi dès 20h50, Arte fait le point sur la polémique.
C’est la référence internationale en matière sanitaire : l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Et pourtant, ces derniers mois, lors de la crise du covid-19, l’OMS semble avoir beaucoup cafouillé. Au point que Donald Trump a claqué la porte. La réaction du président américain a pu sembler excessive. Mais elle révèle un malaise bien plus profond qu’on ne l’imaginait. L’OMS ne serait-elle qu’un grand corps malade ? C’est à découvrir mardi à 20h50, sur Arte, dans «Chine-USA, la bataille de l’OMS».
Théâtre de marionnettes
Retour sur les faits. Début décembre, un nouveau coronavirus fait son apparition en Chine. Malgré l’obligation de signalement, les autorités chinoises mettent plus d’un mois à avertir l’OMS. Très vite, le virus se répand dans plusieurs pays. Le 23 janvier, le directeur de l’OMS, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, refuse de déclarer l’urgence internationale. Le 27, il est reçu en grande pompe à Pékin, où le président Xi Jinping lui assure que la situation est sous contrôle. Tedros lui répond d’un dodelinement approbateur. Le virus poursuit sa course, mais l’OMS persiste à dire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Face à cette inertie, Trump finit par se retirer de l’OMS, l’accusant d’être la marionnette de la Chine… Pour les analystes, c’est plus qu’un simple coup de gueule. L’OMS est devenue le théâtre d’une bataille stratégique entre les deux plus grandes puissances mondiales, la Chine et les États-Unis.
Tedros fait carpette
L’OMS n’est pourtant pas censée s’occuper de politique… Lorsqu’elle a été créée dans le giron de l’ONU, en 1948, elle choisit d’ailleurs d’installer son siège à Genève, dans un pays neutre. L’OMS a alors pour seul objectif d’assurer la coopération internationale en matière de santé. Il s’agit de combattre la variole, la tuberculose, le paludisme. Mais les intérêts géostratégiques des uns et des autres ne sont jamais bien loin… Le directeur est essentiel pour maintenir l’église au milieu du village. En 2002, lors de l’épidémie de SRAS, l’OMS est dirigée par une Norvégienne qui tape du poing sur la table pour que Pékin communique ses informations. Face au covid-19, on a plutôt eu l’impression que le directeur de l’OMS a fait carpette devant la Chine. Et pour cause : Tedros a été nommé grâce aux Chinois.
D’abord un politique
Depuis quelques années, les Chinois trustent les directions des organisations internationales. C’est donc avec le soutien de Pékin que Tedros a obtenu le poste en 2017. MSF a alors alerté l’opinion : lorsqu’il était ministre de la Santé en Éthiopie, Tedros aurait dissimulé des épidémies de choléra pour ne pas effrayer les investisseurs étrangers. L’homme est d’abord un politique qui se ménage des alliés. À peine arrivé à l’OMS, il a provoqué un tollé en nommant comme ambassadeur son ami Robert Mugabe, ancien dictateur du Zimbabwe… Certains se disent qu’il est grand temps de réformer l’OMS. Parce qu’il y aura d’autres pandémies et que l’Organisation mondiale de la santé ne semble plus être en ordre de marche pour y faire face.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 25/6/2020
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