L’incroyable destin de Fu Hao
Dans la Chine de l’âge du bronze, une jeune femme a su s’imposer comme reine et cheffe de guerre.
En 1976, lorsque l’archéologue chinoise Zheng Zhenxiang pénètre dans une tombe intacte découverte dans la plaine centrale de la Chine, elle n’a aucun doute : dotée d’objets d’une richesse exceptionnelle et d’une profusion d’armes, cette sépulture est celle d’un guerrier de haut rang. Et pourtant, c’est… une guerrière qui y repose depuis plus de 3.000 ans ! Les nombreux os oraculaires (lire l’encadré) retrouvés révèlent l’incroyable destin de Fu Hao, première femme célèbre de l’histoire chinoise. Samedi (22.25, Arte), un documentaire brosse le portrait de cette reine moderne qui a su s’imposer dans la Chine de l’âge du bronze.
Riche civilisation
Du XVIe au XIe siècle avant notre ère, la puissante dynastie Shang règne sur l’empire du Milieu. Contemporaine de l’Égypte antique, de Babylone et de Troie, elle développe l’une des civilisations les plus avancées de l’âge du bronze. L’écriture chinoise, seule langue écrite de l’Antiquité encore employée de nos jours, date d’ailleurs de cette époque.
Vers 1.200 avant notre ère, Fu Hao arrive à Anyang, la capitale des Shang. Par une alliance destinée à renforcer le prestige de sa famille, elle est promise au roi Wu Ding qui, pour assurer la stabilité de son royaume, épouse une femme de chaque tribu voisine. Elle devient donc l’une de ses… 64 concubines ! Courageuse et douée dans le maniement des armes, elle se fait remarquer : en chemin, elle a fait prisonniers de nombreux bandits rôdant sur les routes de campagne.
Cavalière et guerrière
Confrontée à une grande rivalité à la cour, Fu Hao est bien décidée à gagner le cœur du roi. Elle y réussit grâce à ses talents de cavalière, son caractère indépendant et déterminé. Comprenant qu’elle est une vraie guerrière, Wu Ding fait d’elle l’une des trois reines du royaume. Et lorsqu’il faut rétablir l’ordre aux frontières, la jeune femme est promue générale des armées, suscitant la jalousie de ses concurrentes. À la tête d’une importante troupe de soldats, elle s’illustre comme cheffe militaire et ses succès lui assurent une immense renommée.
Grande prêtresse
Sur le plan religieux aussi, Fu Hao grimpe les échelons en devenant grande prêtresse. Peu à peu, elle supplante ses rivales et devient la plus proche conseillère du roi. Très complice, le couple, qui a eu un fils, tisse des liens forts. Mais le bonheur est de courte durée. Malade, Fu Hao s’éteint assez jeune. Wu Ding, très affecté, veut garder sa reine auprès de lui et l’inhume près de son palais et non dans la nécropole royale. Un emplacement inédit qui permettra à la sépulture d’échapper aux pilleurs et de parvenir intacte jusqu’à nous…
L’avenir dans les os
Dans l’Antiquité, la divination est courante. Si les Grecs consultent les oracles, que les Romains observent le vol des oiseaux ou les entrailles d’animaux, les Chinois lisent l’avenir sur les omoplates de bovins ou les écailles de tortues. Après une question posée aux âmes des ancêtres, le support divinatoire – d’abord nettoyé, poli et percé de cavités – est porté sous une flamme. Les craquelures formées autour des cavités sont alors interprétées par les devins, qui y lisent la réponse des défunts. Environ 50.000 os oraculaires ont été mis au jour par les archéologues dans l’ancienne capitale. Ils sont aussi recouverts d’inscriptions, de glyphes… Cette écriture dite «ossécaille» constitue le plus ancien témoin écrit de la civilisation chinoise et nous renseigne sur la culture, la politique et les croyances religieuses de l’époque.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/08/2022.
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