L’incroyable destin de Charlotte de Belgique

Amoureuse de Maximilien dès leur première rencontre, Charlotte ne connaîtra pourtant pas une vie conjugale épanouie © Getty
Stéphanie Breuer Journaliste

De sa Belgique natale au Mexique en proie à une sanglante guérilla, en passant par l’Italie et sa douceur de vivre, retour sur la destinée dramatique de Charlotte, fille du premier roi des Belges.

«Mon bijou», ainsi que Léopold Ier surnommait sa fille, naît le 7 juin 1840, après deux garçons. Mignonne, intelligente et joyeuse, Charlotte est un vrai rayon de soleil à la cour de Belgique. En 1850, le sort la frappe une première fois lorsque sa maman, la reine Louise-Marie d’Orléans, décède prématurément.

À 16 ans, Charlotte retrouve le sourire lorsqu’elle rencontre le bel archiduc Maximilien d’Autriche, âgé de 23 ans. Descendant des Habsbourg, celui-ci est le frère du puissant empereur François-Joseph et beau-frère de la célèbre Sissi. Le mariage est décidé – il aura lieu à Bruxelles le 27 juillet 1857 - et les tractations autour de la dot débutent. Maximilien exige une somme conséquente, nécessaire à la construction de son château de Miramare (près de Trieste, en Italie), alors que Léopold Ier réclame un trône pour sa fille adorée.

De la dolce vita à l’ennui

Après les noces, le couple s’installe en Lombardie-Vénétie, alors province autrichienne, pour y occuper la vice-royauté. Émerveillée par la beauté des lieux et désireuse de laisser une trace dans l’Histoire, Charlotte semble avoir trouvé le sens de sa vie. Mais la parenthèse enchantée est de courte durée : l’Autriche perd la province italienne, les souverains se retrouvent sans royaume. Et la vie conjugale est loin d’être rose pour le couple, désœuvré dans son château du bord de l’Adriatique, où le temps s’écoule lentement.

Cadeau empoisonné

Persuadée d’être née pour régner, la jeune femme accueille avec enthousiasme, en 1863, une proposition providentielle qui va changer le cours de sa vie. Charlotte et Maximilien se voient offrir un trône de l’autre côté de l’Atlantique, loin de leurs origines, dans l’exotique Mexique. Ce cadeau, qui s’avérera empoisonné, ils le doivent à Napoléon III, guidé par des intérêts économiques. L’empereur français cherche aussi à faire de cet État indépendant en proie à une guérilla meurtrière un empire catholique, pour contrebalancer l’influence des États-Unis protestants. Maximilien est sceptique, mais Charlotte voit cette couronne impériale comme un signe divin. Elle convainc son époux et, en avril 1864, le couple est couronné empereur et impératrice du Mexique.

Éphémères empereurs

L’aventure mexicaine, qui durera trois ans, tourne au fiasco. Le couple impérial ne parvient pas à s’imposer face aux Mexicains et est abandonné par Napoléon III qui retire ses troupes. Alors que Charlotte rentre en Europe chercher du soutien, Maximilien affronte les insurgés républicains et finit par tomber aux mains de Benito Juárez. Condamné à mort, il est fusillé le 19 juin 1867 à Querétaro. En Europe, la santé mentale de l’impératrice déchue, en proie à des sautes d’humeur et crises de paranoïa, ne cesse d’inquiéter. Ramenée en Belgique par son frère Léopold II, la veuve de 27 ans, qui pleure son époux tant aimé et son empire perdu, est installée dans le château de Tervuren d’abord, de Bouchout ensuite, où elle vécut recluse jusqu’à sa mort, le 19 janvier 1927.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 05/12/2019

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