Libellules, demoiselles en détresse

Les yeux immenses des ilbellules peur offrent une vision à quasi 360° © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Arte observe le ballet aérien tout en finesse des libellules à travers la caméra du duo de réalisateurs, Marie Daniel et Fabien Mazzocco. Un documentaire à voir ce mardi à 18 h 55.

Insecte insaisissable, la libellule est l’union parfaite entre l’air et l’eau. Si notre pays compte une septantaine d’espèces, le total mondial est de plus de six mille ! Mais, alors qu’elle a côtoyé les dinosaures, traversé trois extinctions de masse et plusieurs périodes glaciaires, la libellule voit son incroyable résistance mise à mal par le plus dangereux des prédateurs… l’Homme. Tour d’horizon de cet animal fascinant et des défis qui l’attendent.

Insecte ancestral

Les libellules font partie des premiers insectes à avoir virevolté dans l’atmosphère de notre planète, il y a plus de 330 millions d’années. À l’époque, le look de ces dernières était cependant légèrement différent de celui que l’on connaît aujourd’hui. Les Griffenflies ou Meganisoptera, précurseurs des libellules modernes, étaient gigantesques comparés aux libellules actuelles : celles qui parsemaient le ciel durant la période carbonifère pouvaient atteindre l’envergure d‘un colvert.

Demoiselle ou non ?

Aujourd’hui, les libellules, ou odonates, nom de l’ordre auquel elles appartiennent, nous apparaissent bien plus inoffensives et graciles que leurs ancêtres. Si certaines espèces exotiques peuvent atteindre 10 cm de longueur pour 17 d’envergure, les libellules que nous croisons près des points d’eau belges dépassent rarement les 7 cm pour 11 d’envergure.

Parmi le clan des odonates, nous retrouvons des insectes encore plus petits et frêles que les libellules communes : les zygoptères, appelés en français demoiselles. Elles ne sont pas au sens strict des libellules, cependant leur sous-ordre appartient à celui plus global des odonates. «Les demoiselles ont un corps svelte, presque aussi fin qu‘une grosse aiguille. Elles possèdent quatre ailes identiques qui les transportent silencieusement», explique le site Notre Nature. «Les « vraies » libellules sont mieux bâties, leurs ailes postérieures sont plus larges que leurs ailes antérieures et leur vol est rapide et acrobatique.»

Boule à facettes

La tête d’une libellule est en grande partie composée de ses yeux. Ceux-ci, énormes, contiennent environ trente mille facettes apportant des informations sur les environs de l’insecte et lui conférant une acuité visuelle à presque 360 °. En plus de cette vision extraordinaire, les libellules possèdent un circuit de seize neurones faisant interagir leur cerveau avec leur centre moteur situé dans le thorax. «Grâce à cela, la libellule peut suivre une cible en mouvement», détaille Ouest France, «calculer une trajectoire pour intercepter cette cible et ajuster subtilement sa trajectoire au besoin».

Miss Libellule

Parmi les odonates, certaines se distinguent par un petit plus physique. N’en citons que deux, à commencer par le Caloptéryx éclatant, au surnom tout à propos de «splendide». Cette demoiselle d’un bleu spectaculaire voit les ailes des mâles de son espèce dotées d’une grande tache foncée, leur donnant des airs de paons volants. La splendide peut être observée, chez nous, de mai à fin septembre. De son côté, l’Aeshna cyanea est appréciée pour ses points bleus ou bruns selon le sexe, présents sur l’ensemble de son corps. Cet insecte tout en mosaïques peut également être admiré en Belgique, de juin à octobre.

Animal high-tech

Les libellules et demoiselles n’ont absolument rien à envier à nos avions de pointe. Agiles et rapides, certaines espèces peuvent atteindre les 30 km/h. Plus impressionnant, leurs quatre ailes peuvent être déplacées indépendamment, ce qui permet aux libellules de voler vers le haut, le bas, l’arrière, de planer, d’être à l’arrêt ou d’effectuer des virages en épingle à cheveux et ce, à pleine vitesse ou au ralenti. Côté endurance, une espèce est aisément sur la première marche du podium : la Pantala flavescens. Aussi appelée planeur errant, elle parcourt, pour les besoins de sa migration, environ 11.000 kilomètres.

Vie éphémère abrégée

Alors que l’espérance de vie des libellules adultes se situe entre six semaines et six mois, ces dernières peuvent de moins en moins profiter de leur courte existence. En cause : le dérèglement climatique causé par l’activité humaine. Selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature, au moins 1/6 des espèces de libellules et de demoiselles risque de s’éteindre, victime de la sécheresse et de la disparition de son habitat, les zones humides.

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