L’histoire de Naia : aux origines de l’Amérique
Découvert en 2007, un squelette, baptisé Naia, lève le voile sur l’histoire des premiers Américains. Ce lundi à 15h05, le documentaire «Les Premiers peuples des Amériques» nous emmène sur ses traces.
Dans la péninsule du Yucatán, au sud-est du Mexique, des archéologues ont mis au jour un squelette complet, dans une cavité appelée Hoyo Negro (trou noir en espagnol), datant de la dernière période glaciaire, il y a treize mille ans. S’il est le plus vieux fossile humain découvert sur le sol américain, il contribue aussi à répondre à une énigme scientifique irrésolue : quand et comment l’espèce humaine a-t-elle colonisé le Nouveau Monde ? Lundi après-midi à 15h05, Arte propose le documentaire «Les Premiers peuples des Amériques – L’histoire de Naia», une enquête scientifique aux images captivantes.
Qui était-elle ?
Âgée d’environ 16 ans, Naia, nommée d’après des nymphes aquatiques de la mythologie grecque, serait tombée dans une fosse d’environ 30 mètres de profondeur et morte sur le coup. Une montée des eaux a inondé la grotte, scellant son corps. Sa dépouille ne sera repêchée que des milliers d’années plus tard par une équipe de plongeurs explorant les cavités sous-marines du Yucatán. «Quel choc, quand j’ai vu son crâne intact, avec ses dents et les orbites noires de ses yeux», confie Alberto Nava, l’un des plongeurs. Ces derniers ont aussi trouvé des fossiles d’animaux : un mastodonte, un paresseux géant, un gomphothère (mastodonte préhistorique) et des tigres à dents de sabre.
Originaire d’Asie ?
Les études du crâne de Naia démontrent qu’elle possède des caractéristiques similaires aux Amérindiens actuels. «Nos résultats de l’analyse de l’ADN mitochondrial extraite d’une dent de l’adolescente indiquent que celle-ci était liée par sa mère aux Amérindiens d’aujourd’hui car elle montre la même origine de population», indique Deborah Bolnick de l’Université du Texas et membre de l’équipe de recherche. Des origines génétiques asiatiques, confirme également Pilar Luna Erreguerena, de l’Institut mexicain d’anthropologie. «Cela prouve que les premiers occupants des Amériques sont venus de Sibérie en traversant la bande de terre reliant l’Asie et l’Alaska, aujourd’hui immergée sous le détroit de Behring.
Vie à l’ère glaciaire
La découverte de Naia est une avancée révolutionnaire, puisque son étude «ouvre une fenêtre sur l’identité et la vie de ces premiers occupants», déclare le codirecteur du projet Hoyo Negro, James Chatters. En examinant son squelette, il souligne la robustesse de Naia. «La musculature de ses bras et de ses jambes montre qu’elle était constamment en mouvement et correspondent à un homme d’une trentaine d’années plutôt qu’une fille de 16 ans.» Ce physique colle avec l’identité d’un peuple en quête de nourriture. Il confirme aussi qu’elle n’a pas eu la vie facile. La petite aurait eu une grossesse qui s’est mal déroulée et aurait subi de nombreuses violences. Des traumatismes qui ne surprennent pas le chercheur, habitué à examiner des ossements de plusieurs milliers d’années. Cette violence était couramment portée sur les femmes, qui mouraient jeunes (environ 20 ans) et souvent en couche.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 01/04/2021
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