L’histoire d’amour interdite de la reine du Danemark, Caroline-Mathilde
Ce mercredi à 21h10 sur France 3, «Secrets d’Histoire» dévoile le destin tragique de Caroline-Mathilde (1751-1775), cette reine du Danemark malheureuse qui trouva du réconfort… dans les bras du médecin du Roi.
Un mois après l’abdication de la reine Margrethe II, le 14 janvier 2024, au profit de son fils, le prince héritier Frederik X, une autre altesse ayant vécu au XVIIIe siècle fit en son temps l’actualité de la monarchie danoise : Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne. Sa vie, éphémère, fut loin du conte de fées.
Il était une fois…
En l’an 1769, un séduisant médecin de 34 ans, originaire d’Allemagne, rencontre une reine esseulée. C’est le coup de foudre ! Son nom est Johann Friedrich von Struensee. Il est cultivé et fervent défenseur des Lumières, elle boit ses paroles qui agrémentent ses journées. Puis, c’est le drame. Le 28 avril 1772, à Copenhague, l’amant démasqué monte à l’échafaud. La Reine sera bannie à jamais du Danemark…
Mariage forcé
Pour comprendre la genèse de ce drame shakespearien, il faut remonter quelques années plus tôt. «Le 14 janvier 1766, à 17 ans, Christian VII succède à son père Frédéric V sur le trône de Danemark et de Norvège, les deux royaumes scandinaves ayant été unis quatre siècles plus tôt par l’Union de Kalmar», explique l’historienne Fabienne Manière.
Il cherche une épouse. À Londres vit sa cousine, la princesse Caroline-Mathilde, 15 ans. Un bon parti ! Elle est la sœur cadette du roi Georges III d’Angleterre. «Elle est vive, cultivée, parle italien, français, allemand mais… pas spécialement jolie», précise l’historienne. Pas le choix, le Roi l’épouse la même année. La petite princesse remarque très vite les «troubles mentaux» de son royal époux. Sans doute une forme de schizophrénie ? Elle fait néanmoins l’effort de lui donner un fils : le futur roi Frédéric VI (1768-1839).
Roi folâtre
Le devoir accompli, Christian multiplie les virées dans les maisons closes, puis entame une tournée des capitales européennes. C’est à cette occasion qu’il rencontre Struensee. Il est si brillant qu’il en fait son médecin personnel, puis son ministre. La petite Reine tombe immédiatement sous son charme. En plus de «gérer l’instabilité mentale du Roi, le docteur le convainc de se «raccommoder» avec la Reine. Qui se voit derechef contaminée par une maladie vénérienne», commente Fabienne Manière. Mais la reine est heureuse de pouvoir ainsi être soignée… et «partager une commune passion pour les philosophes français». Avant de partager sa couche !
Docteur à cœur
Si bien que le 6 juillet 1771, une petite Louise Augusta voit le jour… L’histoire ne dit pas qui est le père. Tout irait pour le mieux dans ce ménage à trois si le zèle réformateur de Struensee ne heurtait les intérêts haut placés. Bénéficiant de la confiance aveugle du Monarque, il installe ses amis au gouvernement, signe des actes à la place du Roi, dissout le Conseil privé, impose des économies, crée une loterie pour enrichir l’État, abolit la censure, le servage, la torture, la prison pour dettes… C’en est trop ! Dans la nuit du 16 au 17 janvier 1772, Struensee et son homme de main sont arrêtés.
Fin tragique
Espérant sauver son amant, la Reine avoue sa faute. Trop tard. Il sera exécuté pour crime de lèse-majesté. Après un divorce expéditif, la souveraine est exilée au château de Celle, en Allemagne. Elle meurt de la scarlatine deux ans plus tard. Elle avait 23 ans. Ironie du sort : lorsque son fils Frédéric VI – qu’elle ne revit jamais -, accède au trône, il rétablit toutes les réformes de… Struensee !
À voir : au cinéma, le film «Royal Affair» (2012) relate la passion secrète entre la Reine et le médecin (incarné par Mads Mikkelsen) qui changea le cours de l’histoire danoise.
Cet article est paru dans le Télépro du 8/2/2024
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