L’histoire brûlante du Reichstag

Ce palais impérial date de la fin du XIXe siècle sous Guillaume II © Isopix/Christian Spicker/Imago Images
Alice Kriescher Journaliste

S’intéresser au destin du palais berlinois, c’est plonger dans le récit tumultueux du Parlement allemand et des figures qui y sont associées. Arte nous emmène samedi à 22h25 à la découverte de ce fabuleux édifice berlinois.

C’est l’apanage des édifices anciens : être le témoin immobile de siècles d’histoire. Ainsi, depuis le 5 décembre 1894, le palais berlinois du Reichstag observe le peuple allemand dans ses heures sombres ou glorieuses. Mais le monument de pierre n’est pas qu’un spectateur passif : à la faveur de certains événements, c’est lui qui a le premier rôle !

La vie de château

De style néoclassique, le palais du Reichstag naît durant l’Empire allemand (1871-1918) de la volonté de Guillaume II. C’est l’architecte Paul Wallot, vainqueur d’un concours d’architecture, qui a la responsabilité de mettre sur plans les désirs de l’Empereur. Sa construction dure dix ans, de 1884 à 1894.Dans les premières années de son existence, le bâtiment n’a que peu d’intérêt historique. Le lieu, créé pour abriter le Parlement de l’Empire et qui est un condensé des symboles du pouvoir en place, entame une existence relativement paisible. Seul fait «remarquable» : très tôt, on considère que son emplacement est orienté du mauvais côté, à savoir vers l’ouest, tournant ainsi le dos au palais impérial et au centre-ville.

Révolution de novembre

En 1918, le Reichstag est enfin sur le devant de la scène. La Première Guerre mondiale à peine terminée, les Allemands entament leur «révolution de novembre» destinée à mettre fin à l’ère impériale. Ils obtiennent gain de cause, l’Empire est mort, vive la République ! C’est à Weimar que le régime démocratique allemand est fondé et prend le nom de la ville, mais c’est à l’une des fenêtres du Reichstag que le social-démocrate Philipp Scheidemann annonce la fin de l’Empire des Hohenzollern et la proclamation de la République.

Son incendie arrange Hitler

Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, un incendie criminel détruit partiellement le palais du Reichstag. Dans des circonstances troubles, le sinistre est imputé à un maçon hollandais connu pour être communiste. Ce dernier avoue avoir agi seul et est condamné à mort, en décembre 1933. Le sinistre, qui anéantit notamment la salle plénière du palais, intervient quelques semaines après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. Le jeune communiste pyromane, présumé coupable, offre un prétexte de choix aux nazis. Ces derniers utilisent l’incendie pour éliminer les forces d’oppositions politiques en pratiquant des arrestations en masse. À la suite de cet acte, qualifié par les nazis de «terrorisme communiste», l’état d’urgence est instauré et, en mars 1933, Hitler obtient les pleins pouvoirs. Une étape cruciale vers l’inéluctable mise en place d’un régime totalitaire nazi.

Bombardé, détruit, occupé…

Durant la Seconde Guerre mondiale, le palais est gravement touché par les bombardements. En avril 1945, l’édifice, dont la valeur reste hautement symbolique, est pris d’assaut et deux soldats de l’Armée rouge hissent un drapeau soviétique à son sommet. La scène sera reproduite un mois plus tard pour l’immortaliser sur papier glacé et enrichir la propagande d’une image forte. Lorsque Berlin est divisé en deux, le Reichstag est en zone d’occupation britannique. Mais, chargé d’histoire, le lieu reste un emblème de l’unité allemande et commence à être rénové dès les années 1960. «Après la réunification de l’Allemagne (ndlr : d’octobre 1989 à octobre 1990), le Parlement décida d’y siéger à nouveau», détaille le site Liberationroute.fr. «Depuis 1994, le bâtiment a donc été reconstruit et rénové. (…) Rouvert en 1999, le palais du Reichstag abrite aujourd’hui le Parlement de la République fédérale d’Allemagne.»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 28/01/2021.

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