L’étonnante histoire des contes de Grimm
Les frères Grimm n’ont jamais écrit de contes pour enfants !
Tout le monde connaît les contes de Grimm… Mais qui sait que les frères Grimm n’ont pas inventé le moindre conte ? Et qu’ils ne destinaient pas leurs récits aux enfants ? Ces contes ont cependant un impact considérable sur notre imaginaire. Notamment sur la littérature, le cinéma et les jeux vidéo – comme l’explique «Aux sources de la fantasy», le documentaire proposé ce dimanche à 9h40 par Arte.
Un job d’étudiant
Jacob et Wilhelm Grimm sont originaires de la région de Francfort, en Allemagne. Ils ont 10 et 11 ans, en 1796, quand leur père meurt d’une pneumonie. La mère Grimm ignore alors comment elle va nourrir ses neuf enfants, mais elle se saigne pour que les deux aînés puissent étudier. Jacob et Wilhem font donc leurs humanités, puis s’inscrivent en fac de droit. Touché par leur volonté de s’en sortir, un professeur leur donne accès à sa bibliothèque. Les deux garçons se prennent alors de passion pour la littérature germanique. Via leur prof, ils font la connaissance de quelques écrivains romantiques de l’époque, parmi lesquels Brentano, le créateur de la légendaire Lorelei. Brentano mène des recherches sur la littérature populaire. Et comme les deux jeunes gens sont en quête d’argent pour financer leurs études, il leur propose de parcourir les bibliothèques pour y dénicher des contes populaires.
Cendrillon chez Bonaparte
Les frères Grimm comprennent vite que les récits populaires sont d’abord un trésor de tradition orale, transmis de génération en génération. En plus de fouiner dans les bibliothèques, ils se font donc raconter des histoires par les anciens. Ils se prennent tellement au jeu qu’ils en délaissent leurs études de droit. En 1808, la mort de la mère Grimm ramène les frères à la réalité. À 22 ans, Jacob, l’aîné, se retrouve en charge de ses huit frères et sœurs. Son expérience lui vaut cependant d’être engagé comme directeur de la bibliothèque privée de Jérôme Bonaparte, le jeune frère de Napoléon, qui vient d’être fait roi de Westphalie. Ce job permet aux frères de poursuivre leurs recherches. D’autant que le commanditaire initial, l’écrivain Brentano, a laissé tomber l’affaire. En 1812, Jacob et Wilhelm Grimm publient eux-mêmes le résultat de leur travail : 86 contes parmi lesquels on trouve «Cendrillon», «Le Petit Chaperon rouge», «Blanche-Neige», «Raiponce» et «La Belle au bois dormant».
Des récits édulcorés
Le recueil des frères Grimm n’est pas destiné aux familles. C’est le fruit du travail scientifique de philologues, folkloristes et linguistes. En 1819, ils sont d’ailleurs nommés au titre de docteur honoris causa par l’université de Marbourg. Mais au cours du XIXe siècle, avec l’apparition de la classe bourgeoise, la société commence à s’intéresser aux enfants. Les frères Grimm adaptent alors leurs récits pour qu’ils puissent être lus aux plus jeunes. Les allusions sexuelles, jusque-là très nombreuses, sont gommées. Et certains détails sont modifiés. Dans «Hansel et Gretel» comme dans «Blanche-Neige», par exemple, la méchante mère devient une méchante belle-mère. Une version plus acceptable pour les bonnes familles. Après la mort des frères Grimm, Disney et d’autres continueront d’édulcorer les récits. Souvenons-nous que dans les contes qui ont inspiré les Grimm, la Belle au bois dormant n’était pas réveillée par un simple baiser, mais abusée par son prince dont elle tombait enceinte dans son sommeil…
Cet article est paru dans le Télépro du 1/12/2022
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