Les TDA/H : ces adultes en manque d’attention

L’entourage doit être bien informé sur le trouble TDA/H car il n’est pas facile de vivre avec une personne hyperactive, impulsive ou, au contraire, qui oublie ou procrastine © Getty Images

Le trouble du déficit de l’attention (TDA/H), avec ou sans hyperactivité, est souvent associé aux enfants, mais il touche aussi, en Belgique, près de deux adultes sur dix ! Un sujet évoqué ce mercredi à 23h10 sur La Une, dans «Matière grise».

Le docteur Jonathan Diego travaille pour le Centre européen d’expertise du TDA/H de l’adulte (CEETA), à Bruxelles et Ath. Rencontre.

Le TDA/H se discerne-t-il sur imagerie médicale ?

Il n’y a pas d’imagerie médicale du trouble, les outils objectifs manquent. Il est difficile de capturer l’essence même du TDA/H. Il faut se tourner vers la recherche qui a mis en évidence plusieurs éléments, dont le désordre chimique, soit un problème de dopamine et d’adrénaline. Des tests attentionnels sont menés sous électroencéphalogramme pour étudier les ondes cérébrales. Mais les personnes anxieuses, dépressives et schizophrènes peuvent aussi présenter des ondes cérébrales altérées. Pour établir un diagnostic, il faut associer d’autres éléments et développer une approche multidisciplinaire. L’électroencéphalogramme apporte des indices, mais le patient doit être étudié dans sa globalité.

Les adultes TDA/H ont-ils ce trouble depuis l’enfance ?

Le trouble peut rester invisible durant l’enfance puis se manifester à l’âge adulte, parce que des enfants TDA/H compensent grâce à une série de mécanismes et semblent fonctionner comme les autres. Il y a des phases de rémission, mais le trouble persiste. C’est un équilibre difficile entre le sous-diagnostic et le sur-diagnostic. Dans la majorité des cas adultes, les symptômes étaient là dès l’enfance, même compensés. Ce n’est pas une maladie, mais un trouble. Ce qui compte, c’est la souffrance qui en découle, qui varie d’une personne à l’autre. Il faut comprendre le parcours du patient.

Existe-t-il un traitement ?

Il n’y a pas « un » traitement, il y en a plusieurs. Le TDA/H a une origine chimique, donc le protocole de traitement prend en charge ce désordre chimique. De nouvelles habitudes de vie sont également adoptées, concernant l’activité physique, le sommeil, l’alimentation… Il y a des psychostimulants, la Ritaline, mais beaucoup de patients n’en prennent pas et se soignent autrement. Les psychologues aident la personne à rééduquer son cerveau. Il s’agit de mettre en place des routines pour favoriser la concentration par exemple, ou l’organisation de son temps. Chaque suivi est personnalisé, en fonction des problèmes rencontrés.

C’est aussi un problème pour l’entourage…

L’entourage doit être informé pour mieux comprendre ce qui se passe et adopter une attitude réfléchie. Il n’est pas facile de vivre avec des personnes hyperactives, impulsives, qui oublient, qui procrastinent… Il faut éviter qu’un cercle vicieux ne s’installe. En outre, étant donné que le TDA/H a une incidence génétique, il faut en discuter en famille, car d’autres membres sont sûrement touchés.

Pourquoi le TDA/H de l’enfant est-il mieux connu que celui de l’adulte ?

C’est un trouble qui a d’abord été exclusivement décrit chez l’enfant, il y a longtemps. La médecine ne s’est intéressée que bien plus tard aux adultes. Il est difficile de décrire ce trouble sur l’échelle d’une vie. Beaucoup pensent que le TDA/H est un problème lié à l’enfance. Le fait qu’il persiste à l’âge adulte est compris depuis peu. Il faut aussi regretter un manque de formation des acteurs de la santé pour appréhender et saisir ce trouble. L’intérêt est trop récent et des doutes subsistent sur sa pertinence, certains sont persuadés qu’il s’agit d’une invention moderne…

Cet article est paru dans le Télépro du 17/10/2024

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