
Les splendeurs du Zwinger de Dresde
Il fut un temps où Dresde se rêvait en Florence et Versailles… Il en reste un fabuleux palais baroque : le Zwinger.
C’est l’une des plus belles villes d’Allemagne : Dresde. Sur le site Web de l’office du tourisme, la première image est celle d’un somptueux palais baroque : le Zwinger. Comment ce château du XVIIIe a-t-il pu survivre aux bombardements qui rasèrent la ville en 1945 ? Dresde et le Zwinger, c’est une longue histoire… À découvrir samedi soir, sur Arte, dans le documentaire « Splendeur du baroque ».
Fort en ambition
Le Zwinger est l’œuvre d’un homme : Frédéric-Auguste Ier de Saxe. On le surnomme « Auguste le Fort » en raison de sa corpulence, mais aussi de son tempérament. Car ses ambitions sont énormes. Né prince de Saxe en 1670, il sera élu roi de Pologne et grand-duc de Lituanie en 1697. Bien qu’il soit proche du tsar, Auguste se rêve en Louis XIV. Mais il lui manque le château… Il décide de le faire construire à Dresde, sa ville natale. Pour marquer son pouvoir, il ambitionne d’en faire à la fois Florence et Versailles. Florence pour le côté culturel. Car le prince s’intéresse aux sciences et aux arts. C’est notamment sous son règne que sera créée la porcelaine de Saxe, la première porcelaine d’Occident. Mais pour briller aux yeux de l’Europe, Dresde doit aussi être le nouveau Versailles, avec tout le faste que cela suppose.
Somptueux mariage
Construit entre 1711 et 1722, le palais du Zwinger est composé de six pavillons reliés entre eux par des galeries. Ajoutez à cela des terrasses, des jardins, des fontaines… Le tout dans le plus pur style baroque. Auguste a réussi son pari : c’est grandiose. Bien que les travaux ne soient pas tout à fait terminés, Auguste le Fort inaugure son palais en 1719 pour le mariage de son fils, Frédéric-Auguste. Il lui a trouvé un excellent parti : la fille aînée de l’empereur du Saint-Empire, l’archiduchesse Marie-Josèphe d’Autriche. On imagine le faste et le raffinement de la fête… Voltaire écrira d’ailleurs que la cour de Dresde est « la plus brillante d’Europe après celle de Louis XIV » (évidemment).
Les arts et les sciences
Les jeunes mariés auront quatorze enfants et un nombre incalculable de petits-enfants. Parmi eux, trois rois de France (Louis XVI, Louis XVIII et Charles X) et un roi d’Espagne. Aussi raffiné a-t-il pu être au début du XVIIIe siècle, le palais du Zwinger n’est donc plus l’épicentre de la famille. Le fils d’Auguste le Fort, Frédéric-Auguste, lui-même devenu roi de Pologne, séjourne le plus souvent à Varsovie. Tandis que ses enfants font de beaux mariages aux quatre coins de l’Europe… Frédéric-Auguste décide donc de consacrer une partie de son château à l’art et au savoir. On y trouve une collection de sciences naturelles, un salon de mathématiques et un cabinet d’estampes. Au XIXe siècle, le palais est totalement transformé en musée. Ses collections s’enrichissent, jusqu’à en faire un haut lieu du patrimoine artistique européen. On y admire notamment la Madone Sixtine de Raphaël.
Bombardé par les Alliés
Puis survient la Seconde Guerre mondiale. Dresde est longtemps épargnée. Jusqu’en février 1945, où elle est bombardée par les Alliés. Les 90 % de la ville sont détruits. Le Zwinger n’y échappe pas : il est en ruine. Étrangement, alors que Dresde manque de tout, le palais fera partie des premiers édifices reconstruits. Comme un symbole de résilience. Ses trésors ayant été mis à l’abri par les Soviétiques, ils sont depuis rentrés dans leurs murs. Pour le plus grand bonheur des visiteurs.
Cet article est paru dans le Télépro du 13/3/2025
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