Les pôles déboussolés

Au pôle Nord, l’ours polaire souffre d’une raréfaction de ses proies © Arte/colourFIELD/Florent Ledoux

Entre l’Arctique et l’Antarctique, on peut parfois s’y perdre. Ces deux endroits de la planète situés aux antipodes l’un de l’autre présentent cependant de nombreuses différences, mais souffrent d’une même menace. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse «L’Arctique, une région bouleversée». Et mardi à 21h10, cap vers le sud sur France 2 avec «Royaumes de glace – L’Antarctique et les hauts sommets».

Les pôles Nord et Sud ont en commun d’être des royaumes de glace de plus en plus fragilisés, touchés par le réchauffement climatique. Un monde magique qui disparaît sous nos yeux… Samedi soir, Arte consacre sa soirée au pôle Nord, avec le documentaire inédit «L’Arctique, une région bouleversée». De son côté, France 2 diffuse mardi un autre documentaire inédit, «L’Antarctique et les hauts sommets». Deux soirées, deux pôles…

Quelles différences ?

Le territoire de l’Arctique entoure le pôle Nord et intègre six pays bordant l’océan Arctique : le Canada, les États-Unis, le Danemark (Groenland), la Russie, la Norvège et l’Islande. Plus plat que l’Antarctique, il est essentiellement composé d’un océan gelé : la banquise. De nombreuses espèces animales y vivent : le renard, le renne, le morse, le phoque, et le fameux ours polaire qui règne en maître sur la banquise. Des peuples indigènes (les Inuits, les Lapons, etc.) se sont également adaptés à ses conditions climatiques difficiles.

L’Antarctique, lui, constitue un continent à part entière, centré autour du pôle Sud. Quelque 98 % de sa surface sont recouverts d’une couche de glace d’une épaisseur moyenne de 1,6 km. On y trouve essentiellement des paysages montagneux et quelques volcans surplombant l’océan. Les espèces animales y vivent en colonies, comme les célèbres manchots empereurs.

L’Antarctique n’a aucun peuple autochtone : seuls les scientifiques s’y installent, le temps de leurs recherches. Et c’est en Antarctique qu’ont été relevées les températures les plus froides jamais enregistrées sur Terre. Dans l’Arctique, les icebergs proviennent surtout des glaciers qui coulent vers la mer, donnant des volumes déchiquetés qui dévalent et se brisent en crevasses. Les icebergs y sont souvent de faible taille et massifs. L’Antarctique donne les plus grands icebergs du monde qui proviennent de la calotte glacière extrêmement épaisse sur ses terres. À la mesure de ce continent immense, le spectacle est grandiose…

L’Antarctique et les hauts sommets

Après «Royaumes de glace – L’Arctique», diffusé en février dernier, France 2 propose «Royaumes de glace – L’Antarctique et les hauts sommets» qui offre des séquences aussi exceptionnelles qu’inédites. Cette production, réalisée par Elizabeth White et Sacha Thorpe, est portée par la narration de Lambert Wilson. Le continent blanc est une terre inaccessible et impitoyable. L’Antarctique n’a pu être colonisé par les mammifères terrestres.

En revanche, ses plages sont devenues un refuge de la faune marine : otaries, phoques, éléphants de mer, manchots et cétacés. Grâce à leur ingéniosité et à leur courage, ils parviennent à vivre sur ces terres hostiles et reculées. Mais aujourd’hui, ces mondes essentiels à l’équilibre de notre planète disparaissent et, avec eux, un équilibre subtil, bâti au fil des millénaires. Certaines espèces sont filmées pour la dernière fois. Plus que jamais, les animaux de l’Antarctique luttent pour survivre dans un monde de plus en plus imprévisible.

Arctique : la croisière s’amuse, la glace s’amenuise

Dans son documentaire en trois parties «L’Arctique, une région bouleversée», Freddie Röckenhaus propose un tour d’horizon de l’une des régions les plus sauvages de la planète. Royaume d’eau, de roches et de glace, l’Arctique offre des paysages à couper le souffle, dont la pérennité est de plus en plus menacée. La hausse des températures a des conséquences notables sur la biodiversité : pour les ours polaires, les proies se font de plus en plus rares. Venus du monde entier, des touristes fortunés se pressent pour admirer la banquise… avant qu’il ne soit trop tard. Ici, le réchauffement climatique est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, sous l’effet du déclin de la glace de mer et de l’augmentation des températures de l’océan Arctique.

Lors de ces quarante dernières années, la région arctique s’est réchauffée quatre fois plus vite que le reste de la planète. Pour étudier et tenter d’endiguer ce phénomène inquiétant, plus de trente-huit stations de recherche y ont été implantées. Dans le nord du Canada, le climatologue Dustin Walen constate la fonte inexorable du permafrost, qui assure la croissance de la toundra depuis des milliers d’années. La biologiste marine Sofia Ribeiro documente quant à elle les effets de la disparition des glaces sur la faune marine du Groenland, tandis que le pont de glace qui relie cette île au Canada menace de s’effondrer.

Horizon amer

Si la disparition de la banquise apparaît comme un horizon inévitable, elle devrait survenir plus tôt que prévu. L’Arctique pourrait ainsi être privé de glace en été dès les années 2030. Cet afflux d’eau douce et froide menacerait gravement l’équilibre de la biodiversité marine, mais aurait aussi de lourdes conséquences sur les courants océaniques, jusqu’à bouleverser l’équilibre climatique mondial. Alors que les croisières vers le pôle Nord connaissent un grand succès et que les industries se disputent ses ressources naturelles, la fonte des glaces progresse inexorablement. Comprendre l’impact du réchauffement climatique est devenu crucial. Non seulement pour les animaux et les habitants de ces magnifiques mondes extrêmes, mais aussi pour l’humanité tout entière…

Cet article est paru dans le Télépro du 19/10/2023

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici