Les plus belles oasis

À Akhdar, dans le sultanat d’Oman, le vert irradie en plein désert grâce à un judicieux système d’irrigation inscrit au patrimoine de l’Unesco © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Dans une série documentaire (ce dimanche à 20h15), Arte part à la découverte de quatre splendides écrins verts et des défis environnementaux auxquels ils sont confrontés.

Des plus anciennes aux plus modernes, du Yémen au Pérou, partons à la découverte de quelques oasis, ces bouts de paradis verts contrastant avec l’aridité des déserts qui les abritent.

Et l’homme créa l’oasis

Dans l’inconscient collectif, l’oasis est une bénédiction quasi divine qui fait jaillir l’eau en plein désert. Pourtant, si l’on imagine ces lieux naître au milieu du sable par magie, il n’en n’est rien. Leur présence est due à la seule volonté de l’homme, tout comme leur pérennité.

Dans sa pure étymologie, l’oasis désigne un terroir créé par l’homme et mis en culture grâce à un système d’irrigation. Lorsque les premières oasis ont été créées, il y a environ 2.000 ans, elles ont joué un rôle clé dans le traçage des routes commerciales, permettant aux marchands ambulants et aux pèlerins de s’y désaltérer. Si les nouveaux modes de déplacement, autres que chamelier, ont évolué, elles n’ont pas pour autant perdu leur importance.

«Ce sont des agro-systèmes patiemment élaborés par ses habitants sous forme de constructions sociales, écologiques et économiques très complexes», explique le site du Réseau associatif de développement durable des oasis (RADDO). «Véritables modèles de développement durable, les oasis représentent un écosystème spécifique à protéger !»

Roses du désert

Dans l’épisode 1 de sa série, Arte démarre dans le petit sultanat d’Oman. Dans le djebel Akhdar, littéralement «la montagne verte», on y dompte l’eau depuis des temps immémoriaux. Les procédés d’irrigation jouent avec la gravité en faisant circuler l’eau, depuis des sources, jusqu’aux maisons et aux terrains cultivés. Grâce à ce judicieux système (classé au patrimoine mondial de l’Unesco), la montagne verte est garnie de somptueux jardins suspendus au cœur desquels la rose règne en maître. Mais aussi des grenadiers, pêchers et abricotiers à flanc de coteaux.  

Stars de cinéma

Leur beauté est telle que certaines oasis ont tapé dans l’œil des réalisateurs de cinéma. Celle de Shibam, au Yémen, a par exemple été choisie par Pier Paolo Pasolini pour être le décor de son film, «Les Mille et Une nuits», sorti en 1974.

Quant à l’ancien lieu de passage pour les caravanes se rendant dans le Sahara, Aït-Ben-Haddou, au Maroc, il fut prisé pour des longs-métrages d’exceptions comme «Lawrence d’Arabie» de David Lean, «Gladiator» de Ridley Scott et «Babel» d’Alejandro González Iñárritu. Aujourd’hui, le ksar (village fortifié) Aït-Ben-Haddou, à côté des jardins oasiens, est un lieu classé au patrimoine mondial de l’Unesco.  

Les plus grandes

Outre leur splendeur, certaines oasis sont admirables pour leur taille ! Liwa, la plus grande d’Abu Dhabi aux Émirats arabes unis, est longue de 133 km et abrite neufs forts, dont deux dans leur état d’origine. En 1760, c’est la confédération de tribus nommée Bani Yas qui a découvert cette terre et, surtout, l’immense nappe phréatique sous-terraine qu’elle renferme. Grâce à la découverte de cet or bleu, la capitale des Émirats, Abu Dhabi, y a été fondée. L’actuel dirigeant descend d’une tribu de cette confédération.  

Dans la région de Tafilalet, au Maroc, un groupement d’oasis constitue une étendue encore plus impressionnante d’une superficie de 77.000 km 2 . S’il ne s’agit pas d’une seule oasis, cet ensemble est considéré comme le plus grand au monde. Ses îlots de verdure, alimentés par un système d’irrigation ancestral, sont maintenant menacés par les changements climatiques…  

Nid à touristes

Comme toutes les beautés de la planète, les oasis attirent les touristes. Trop ? Huacachina, dans la province d’Ica au Pérou (300 km au sud de Lima), est la deuxième plus grande oasis du continent sud-américain, après celle du village chilien de San Pedro de Atacama. Malheureusement, l’endroit est envahi par les voyageurs.

«Huacachina est envahie par les buggies et le sand boarding (surf des dunes)», déplore le site Globe Trotting. «Cet oasis est un passage obligé des visites en groupes à la recherche d’adrénaline ! Très prisée, l’oasis péruvienne verdoyante a vu se construire de nombreux restaurants, hôtels et infrastructures touristiques et est souvent bondée.»

Cet article est paru dans le Télépro du 21/4/2022

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