Les nonnes népalaises, ceintures noires de féminisme

Apprendre aux jeunes filles à se défendre revient à leur offrir une forme de liberté © Getty Images

Les nonnes bouddhistes passent-elles leurs journées à méditer pour atteindre le nirvana ? Au monastère d’Amitabha au Népal, ce n’est définitivement pas le cas ! Samedi à 17h15, Arte diffuse le documentaire «Les Nonnes kung-fu : bouddhistes et féministes».

Arte nous emmène à plus de 7.000 km de la Belgique, au cœur de l’Himalaya, à la rencontre des «nonnes kung-fu». Brisant les codes pour expérimenter pleinement leur devise «Vivre pour aimer», elles sont parvenues à trouver l’équilibre entre bouddhisme et féminisme.

L’exception à la règle

Aux petites lueurs du jour, sur les hauteurs de Katmandou (la capitale du Népal), des centaines de femmes enchaînent coups de pieds, coups de poings et cris parfaitement synchronisés. Leurs crânes rasés laissent peu de doute sur leur identité : des nonnes. Les cinq cents résidentes du monastère Amitabha sont loin d’être des nonnes comme les autres. Alors que le bouddhisme interdit la pratique des arts martiaux aux femmes, leur uniforme brun arbore fièrement leur surnom : les nonnes kung-fu.

À bas le patriarcat

Si le bouddhisme prône l’amour et la compassion, il n’en reste pas moins que, dans la pratique, il considère – tout comme la société népalaise – les femmes comme inférieures aux hommes. Ainsi, dans les monastères, celles-ci sont souvent cantonnées aux tâches subalternes alors que les moines occupent les postes les plus élevés. Mais en 2008, Jigme Pema Wangchen, douzième incarnation du Gyalwang Drukpa, chef de l’ordre millénaire Drukpa, chamboule cet ordre établi.

Namasté l’émancipation

En visite à l’étranger, il assiste à l’entraînement au combat des nonnes vietnamiennes. Il importe l’idée au Népal afin de promouvoir l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes. «Ce sport m’a donné confiance en moi. Il m’a rendue forte physiquement et mentalement», confie Konchok, professeure de kung-fu. Un bénéfice que les nonnes entendent bien répandre en dehors de leurs murs, en partageant leurs connaissances en self-défense avec les Népalaises. Pour celles-ci, être capables de se défendre est synonyme de liberté.

Comme les autres

Le kung-fu n’est pas la seule compétence a priori masculine, mais surtout signe d’autonomie, que les nonnes développent. Elles sont aussi encouragées à se former dans d’autres domaines : direction des prières, commerce, électricité, et même conduite de 4X4. Une aptitude indispensable pour celles qui n’hésitent pas à s’aventurer dans le vrai monde. «Toutes les femmes de l’Himalaya ont honte de parler de leurs règles», nous apprend l’une des nonnes kung-fu. Pour pallier le manque d’informations concernant la sexualité et les menstruations, véritable risque de santé publique, les nonnes se font un devoir d’aller à la rencontre des jeunes filles.

Combatives

Un autre combat leur tient à cœur : l’écologie. Tous les samedis, un spectacle étonnant se produit. Des centaines de nonnes en gilets jaunes envahissent les rues polluées de Katmandou pour les débarrasser des monceaux de déchets qui s’y accumulent. Depuis plusieurs années, elles organisent également un périple à vélo à travers l’Inde et le Népal, sur des centaines, voire des milliers de kilomètres pour promouvoir les modes de transports écologiques et l’émancipation des femmes.

Cet article est paru dans le Télépro du 16/11/2023

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