Les nanoparticules sont parmi nous : quels sont les dangers ?
Dans le maquillage ou la nourriture, elles sont partout. Pas sans crainte pour la santé.
Qu’est-ce qui est tout petit, qui se cache dans vos chaussettes, le chewing-gum que vous mastiquez, votre raquette de tennis ou votre vélo ? Qu’est-ce qui peut être votre meilleur ami, mais aussi votre pire ennemi, qui génère des millions d’emplois dans le monde et des centaines de milliards de dollars de chiffre d’affaires chaque année ? Vous donnez votre langue au chat ?
Bienvenue dans le monde aussi fabuleux qu’inquiétant des nanoparticules ! Un monde de l’infiniment petit qu’ouvre «Xenius», ce vendredi à 17h10 sur Arte.
Tutti rikiki
Une définition pour commencer, celle proposée par la Commission européenne en 2011 : «Un nanomatériau est un matériau, naturel ou manufacturé, dont au moins 50 % des particules qui le composent ont une taille située entre 1 et 100 nanomètres (1 nm = 10 -9 m)».
Pour donner un ordre d’idée de sa taille, le nanomètre par rapport au mètre, c’est l’équivalent d’une orange comparée à la planète terre ou encore d’un pou relativement à un terrain de football. Trente mille fois plus petit que le diamètre d’un cheveu, la nanoparticule est aussi «10.000 fois plus petite qu’un grain de sel», peut-on lire dans Santé magazine.
Un «tutti rikiki», mais «maousse costo» comme le disait la pub pour un célèbre produit détergeant. «Leurs caractéristiques dimensionnelles permettent à ces matériaux d’avoir des propriétés biologiques, chimiques ou physiques particulières, en termes de solidité par exemple», schématise l’Association santé environnement France.
Un peu de tout
Et qu’en fait-on de ces nanoparticules ? Recours à la pub à nouveau : un peu de tout. Fabriqués au départ d’une multitude d’éléments (carbone, lipides, métaux…), ils se retrouvent dans des secteurs aussi différents et multiples que l’alimentation, les cosmétiques, les soins personnels, l’automobile, l’environnement, l’industrie biomédicale ou l’habillement.
Quelques exemples ? Actu-environnement dresse la liste. Le noir de carbone (ou suie synthétique) ? Dans le pare-choc des voitures, pour augmenter leur résistance. Le nano-argent ? Dans les chaussettes ou les vêtements de sport : fongicide, il prévient aussi les mauvaises odeurs. Les nanos font aussi un tabac dans un domaine bien spécifique : plus d’une nanoparticule produite sur quatre est destinée aux cosmétiques et produits d’hygiène. Les vernis à ongles en contiennent, comme les crèmes pour le visage, le fard à paupières et les serviettes hygiéniques.
Présentes dans l’air que nous respirons (les fameuses particules fines émises par les moteurs diesel ou le tabac), les nanoparticules le sont aussi dans le secteur médical et dans l’alimentation. N’en jetez plus : la liste comporte des milliers de produits. Si la taille est un avantage incontestable pour les nanoparticules, elle est aussi leur plus sérieux inconvénient. Elles pourraient affecter notre santé et nous nuire plutôt que de nous faciliter la vie.
Dangers potentiels
C’est ce que tendent à prouver des tests effectués sur des animaux. Prenons le nano dioxyde de titane. On le retrouve dans des produits agro-alimentaires où il colore les bonbons et leur donne de la brillance. Problème : on a constaté que cet additif alimentaire, aussi appelé E171, pouvait provoquer des modifications de la flore intestinale chez les rats auxquels il était administré. Il serait potentiellement cancérigène. La France l’a interdit au début de l’année. L’association Test Achats plaide pour que la Belgique en fasse de même.
Le E171 est aussi utilisé dans les produits solaires pour ses qualités protectrices contre les rayons ultraviolets. Là, c’est la peau que les nanoparticules peuvent traverser pour s’accumuler, notamment dans le cerveau. Même chose pour le dioxyde de silice qu’on retrouve dans la fabrication des langes pour enfants.
Finalement, autant de doutes pour la santé que d’applications possibles. Les recherches sur l’impact sanitaire n’en sont qu’à leur début. La tâche énorme : chaque cas est spécifique. Quant au commun des consommateurs, il n’est guère aidé. Qu’elles s’appellent E551, E171 ou E174, la présence de nanoparticules n’est que trop rarement mentionnée sur les étiquettes des produits achetés.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 11/6/2020
Le dioxyde de titane est un additif alimentaire blanc qu’on retrouve dans des bonbons, des chewing-gums, du dentifrice, des cosmétiques… Interdit en France car potentiellement cancérigène, il ne l’est pas encore chez nous. Getty Images/Isopix + INFOGRAPHIE
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