Les mésanges : pas vraiment des anges
Très répandue dans nos coins de verdure, la mésange est un insoupçonnable prédateur…
Avec le retour des beaux jours, vous avez sans doute pu admirer les oiseaux qui égaient nos bosquets et jardins. Il en est un cependant qui, été comme hiver, offre son joyeux ballet : la mésange. Parmi les sept espèces différentes, la plus répandue se nomme «mésange charbonnière», en raison de son minois poudré de noir.
Ses larges joues blanches, son plumage jaune teinté de vert et ses ailes nuancées d’un bleu brillant sont un ravissement de chaque instant. Mais, sous ses airs angéliques et ses 14 cm de longueur se cache un prédateur efficace pour les jardins. Mardi à 18h55, un documentaire d’Arte («Le Fabuleux destin des mésanges») suit les péripéties de ce poids plume, de l’éclosion à l’âge adulte, et de son étonnant univers.
En haut du perchoir
Les 29 et 30 janvier 2022, l’association Natagora a lancé son traditionnel recensement des oiseaux de jardin en Wallonie et à Bruxelles. Les 22.000 participants ont pu observer et identifier les 70 espèces les plus couramment rencontrées.
En tête d’affiche ? La mésange charbonnière, repérée dans 87,3 % des jardins. Le merle noir (82,9 %) et le rouge-gorge familier (79,3 %) complètent le podium. La mésange bleue occupe la quatrième place tandis que les cinq autres variétés de mésanges n’ont rien à lui envier, la mésange boréale – plus rare – et celle à longue queue subissant néanmoins un léger déclin.
Gluant, mais appétissant…
Un résultat encourageant au vu de la présence indispensable de ce passereau pour notre écosystème ! Son péché mignon ? Les insectes. Un couple de mésanges peut en capturer jusqu’à cinq cents par jour pour nourrir ses oisillons. Chenilles, pucerons, mouches, punaises et autres coléoptères qui ravagent nos potagers n’ont qu’à bien se tenir.
Cet insecticide naturel évite aussi quelques frayeurs… Alors que la majorité des volatiles dédaignent la piquante chenille processionnaire, les mésanges, elles, en raffolent. Depuis 2019, ces chenilles aux poils urticants ont été détectées dans nos régions et peuvent infliger une éruption cutanée douloureuse à qui s’y frotte.
Là encore, la téméraire mésange charbonnière a sa technique : dépecer ses victimes velues ou, mieux, les prélever au stade larvaire en perçant leur nid… Il ne vous reste plus qu’à installer des nichoirs pour sédentariser cet oiseau «rare» à vos côtés.
Qui va à la chasse perd… son cerveau
La mésange a aussi un côté sombre et une fâcheuse tendance à… dévorer le cerveau de ses victimes. Ainsi, il lui est arrivé de s’attaquer à un tout petit passereau migrateur : le gobemouche noir. En cause ? Le réchauffement climatique. Des chercheurs néerlandais expliquent le phénomène : «Avec la montée du mercure, les mésanges ont augmenté le temps passé dans le nid. Surtout, les gobemouches ont avancé leur migration.»
Or ces derniers sont connus pour faire leur nid dans celui des autres… Résultat : à leur retour, le logis est occupé et les deux variétés d’oiseaux se le disputent. Les mésanges entrent alors dans une rage folle pour défendre leurs œufs, au point de briser le crâne des malotrus qui se retrouvent écervelés.
Une étude hongroise a également rapporté cette pratique inquiétante : par temps froid, des mésanges s’en seraient prises à des chauves-souris qui hibernaient dans leur grotte. Même modus operandi : les chiroptères ont été décapités, leurs cerveaux gobés…
Nichoirs hauts et dispersés
Les mésanges sont friandes d’arbres fruitiers. Vous pouvez y installer un nichoir à l’abri du vent et à 3 m de hauteur. Si vous en disposez plusieurs, veillez à conserver 10 m de distance entre chaque nichoir afin de respecter le territoire établi par les mésanges entre elles. Souvenez-vous des têtes coupées ! Attention, si vous ravitaillez leurs mangeoires, faites-le d’octobre à mars. Au-delà, rien ne doit remplacer leur recherche de graines et leur chasse aux insectes.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/3/2022
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici