Les hippos d’El Diablo
Ainsi surnommait-on Pablo Escobar (1949-1993), célèbre et sinistre narcotrafiquant qui laissa un curieux héritage à la Colombie : des pachydermes qui y pullulent !
Quand on cite Escobar, on pense crimes, trafic de cocaïne et cartel de Medellín. Rares sont ceux qui songeraient à… des hippopotames ! Pourtant, le baron colombien de la drogue avait eu la fantaisie d’en importer quatre dans son zoo privé. Des animaux qui ont survécu à leur maître et qui affolent les habitants du nord de la capitale, Bogota.
Ce samedi à 17h40, Arte s’y intéresse à travers le documentaire «Les Hippopotames de Pablo Escobar».
Évasion et reproduction
En 1993, le narcotrafiquant le plus célèbre au monde, El Diablo (son surnom) est abattu par la police le lendemain de ses 44 ans. Il laisse derrière lui d’innombrables crimes, une fortune de plus de 30 milliards de $, une mère et une épouse éplorées, deux enfants et… quatre hippopotames. Trois femelles et un mâle.
Jusqu’à la mort du baron, ces derniers vivent paisiblement, parmi d’autres animaux, dans son luxueux domaine au nord-ouest de Bogota. Mais, une fois Pablo abattu, il faut recaser les pensionnaires du parc. Si la plupart des bêtes sont distribuées aux zoos du pays, les pachydermes s’avèrent trop compliqués à déplacer. Les autorités les laissent sur place, supposant qu’ils mourront rapidement.
Ce ne sera pas le cas. Au contraire… Les hippos se sont échappés et… reproduits ! Vingt-huit ans après la mort du criminel, 80 à 120 spécimens vivent dans les cours d’eau de Colombie. «C’est le plus grand troupeau en dehors de l’Afrique, leur région d’origine», a déclaré le vétérinaire et écologiste Carlos Valderrama à la BBC.
Écosystème en danger
Si certains y voient une attraction touristique, cette invasion en effraye d’autres. À commencer par les pêcheurs des alentours de Bogota, qui ont parfois renoncé à leur activité par peur d’être attaqués. Les zoologistes sont aussi inquiets. Loin de leur terre d’origine, ces colosses des rivières ne connaissent aucun prédateur et menacent de détruire l’écosystème local. «Ils pourraient l’affecter de plusieurs façons», détaille la BBC. «Du déplacement d’espèces indigènes déjà menacées d’extinction, comme le lamantin, à la modification de la composition chimique des cours d’eau, à cause de leur urine, qui pourrait mettre en danger la pêche.»
À bas les hippos !
En ne faisant rien, les spécialistes estiment que la population atteindra plus de 1.400 spécimens d’ici 2034. Si la solution de la castration a été avancée, sa pratique est trop coûteuse et les hippopotames trop difficiles à approcher pour l’envisager sérieusement.
Malheureusement, l’autre suggestion de certains biologistes est funeste : abattre les animaux. Une option radicale à laquelle s’opposent la plupart des Colombiens. À ce jour, aucune décision ferme n’a été prise pour stopper cette descendance surprenante héritée d’El Diablo !
Cet article est paru dans le Télépro du 2/9/2021
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