Les Hanovre : aussi turbulents que les Windsor
Avant la célèbre ère victorienne en Angleterre, le pays vécut, de 1714 à 1830, sous la houlette de la Maison de Hanovre, d’origine allemande, qui laissa un capiteux parfum de scandale. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «Les Ancêtres des Windsor».
En regard des péripéties familiales des Windsor aux XXe et XXIe siècles, celles de la dynastie Hanovre, régnante deux cents ans plus tôt, ne sont pas beaucoup moins indignes ! Entre des monarques peu aimés, des adultères et leur florilège de conséquences ou des pères et fils en froid, l’Histoire semble n’avoir rien inventé au royaume de Grande-Bretagne !
George Ier
Arte relate, samedi soir (en quatre parties), une période étonnamment méconnue de l’histoire britannique, mais non dénuée de rebondissements. Au XVIIIe siècle, des souverains germaniques montent légitimement sur le trône britannique. Avec l’acte d’Établissement de 1701 du Parlement anglais pour préserver les acquis de la Glorieuse Révolution, la succession est exclusivement réservée aux descendants protestants. C’est ainsi qu’un certain George-Louis de Brunswick-Lunebourg, prince héritier de Hanovre (né là-bas en 1660), est alors identifié comme le seul prétendant éligible à la couronne et devient, en 1714, le roi George Ier (1660-1727).
Triste sire
S’il apporte la stabilité politique au royaume, l’homme, qui ne parle pas la langue de Shakespeare, est peu apprécié du peuple. Il trouve refuge auprès de ses maîtresses et dans ses fréquents voyages sur sa chère terre natale. Pendant ses absences répétées, ses proches lui sont infidèles de maintes façons, faisant le bonheur des cancaniers et les choux gras des journaux.
Une vie dissolue
Âgé de 54 ans lors de son accession au trône, timide et peu charismatique, le monarque est impopulaire. Ses sujets n’apprécient guère sa vie privée dissolue.
D’abord marié à sa cousine Sophie-Dorothée, vive et délurée, de six ans sa cadette, le roi apprend que celle-ci le trompe avec Philippe Christoph von Königsmarck, officier allemand. L’humiliation est intolérable. Bien que peu fidèle lui aussi, George Ier décide de se venger. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 1694, l’amant est mystérieusement assassiné. Et, après un divorce éclair, Sophie-Dorothée bannie de la cour, présentée comme peu équilibrée, placée en résidence surveillée jusqu’à sa mort. Et privée de ses enfants : Sophie et George-Auguste, futur George II.
L’arbre et l’éléphant
Arrivé en Angleterre après ces faits, George Ier aurait fréquenté deux maîtresses : sa demi-sœur, Sophia Charlotte von Kielmansegg, petite et ronde, appelée « l’Éléphant », et Mélusine von der Schulenburg, grande et maigre, surnommée « l’Arbre de mai ». Le scandale aurait beaucoup fait rire la galerie. Mais pas la descendance du roi, Sophie et George II.
Mésentente héréditaire
« Avec un parent enfermé et l’autre indifférent, il n’était pas surprenant que George Jr blâmât George père pour le chagrin que lui, sa sœur et sa mère avaient subi. Le jeune prince comprit que sa maman n’était pas parfaite, mais qu’elle aurait dû être présente dans sa vie ! », explique aujourd’hui Claudia Gold, chroniqueuse royale. Un froid glacial s’établit entre les deux hommes, même après le mariage de George fils avec Caroline d’Ansbach. « Leur garçon, Frédéric de Galles, résida à Hanovre », ajoute-t-elle. « Et lorsqu’il arriva en Angleterre, à 21 ans, ses parents avaient si peu de points communs avec lui que tous devinrent des étrangers et des ennemis ! » Son grand-père George Ier, lui, fut emporté par une attaque cérébrale lors d’une énième visite en Allemagne, pays dont il était resté nostalgique.
Cet article est paru dans le Télépro du 21/11/2024
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