Les fleurs ont soif… de conquêtes !
Du peuple des végétaux, les fleurs sont les plus nombreuses. Peut-être aussi les mieux organisées. Ce jeudi à 21h, France 5 nous révèle «L’Abominable mystère des fleurs».
Une brise légère souffle sur la prairie. Rien de très inquiétant jusqu’à cet événement, soudain, inhabituel, interpellant. Depuis ce matin, les hautes herbes semblent particulièrement agitées. Les bourrasques semblent leur avoir souffler une information d’extrême importance. C’est le branle-bas de combat. Les branches d’arbres et leurs feuilles se contorsionnent pour mieux entendre ce qui va se dire, les fougères abandonnent leur camouflage pour venir aux nouvelles, la curiosité des ronces et des orties est piquée au vif. Le brouhaha est infernal… puis soudain : silence brutal.
Malgré sa grave fracture de la tige survenue lors de la tempête mortelle pour le chêne, le roseau se tient droit comme un «i» face à l’assistance. Sa mine est grave. «C’est officiel mes amis : 90 % des plantes aujourd’hui sont des fleurs. Leurs succès sur les autres espèces végétales est fulgurant.» L’assemblée se tait. Seules quelques pâquerettes de passage à l’entrée du champ font une ola improvisée. Laissons un instant l’assistance à sa stupéfaction. Vérifions si l’herbe était plus verte et moins fleurie dans les près du passé.
Un abominable mystère
En 2018, trente-six chercheurs venus de treize pays mettent leurs connaissances et techniques en commun pour dresser le portrait-robot de la première fleur. Surprise : l’aïeule de toutes les belles de nos champs, serres et parterres ressemble à s’y méprendre (et for ever) à une fleur de Magnolia.
De plus, cette ancêtre apparue sur terre il y a plus de 140 millions d’années est hermaphrodite : pas besoin de qui que ce soit pour se reproduire. Le temps passe, beaucoup d’eau coule sous la terre et dans les racines. Petit à petit, les plantes à fleurs, aux apparences souvent si fragiles, se mettent à conquérir la planète au prix d’une évolution permanente et rapide.
Comment l’expliquer ? Réponse du biologiste et naturaliste anglais Charles Robert Darwin : «Le développement rapide des plantes à fleurs est un abominable mystère.» Le temps passe. Le 3e millénaire frappe à la porte.
Superpouvoirs
Une véritable armée de paléontologues, biologistes, généticiens se mettent à enquêter aux quatre coins de la planète pour dénouer le mystère. Ils découvrent une reine de la nature à la sexualité débridée. Composant son propre parfum à l’aide des molécules dont elle dispose, elle attire les pollinisateurs à foison. Ajoutons à cela une résistance hors du commun. Les ancolies, les campanules ou les chrysanthèmes peuvent supporter des températures négatives allant jusqu’à -20° C.
Autre exemple emblématique : les cycades. Nourriture préférée des dinosaures il y a 250 millions d’années, elles ont survécu après la disparition de ceux-ci. Et ce n’est pas tout : les fleurs peuvent aussi disposer de certains superpouvoirs pour se défendre. L’arum titan ? Outre qu’il s’agisse d’une des plantes les plus hautes de la nature (3 m), elle peut dégager une odeur nauséabonde et rendre malade ceux qui l’entourent.
Le site Curioctopus évoque aussi les capacités de la vachellia drepanolobium d’émettre un sifflement pour chasser les animaux dans le voisinage. Quant à l’eucalyptus, il résiste à l’attaque du feu. Mieux, celui-ci déclenche dans le tronc la production de nouvelles graines qui vont ensuite fertiliser le sol en dessous…
Retour dans la prairie. Roseau, grandes herbes, orties… : chacun est retourné à ses activités. Quant aux pâquerettes, elles ont laissé quelques pétales dans l’aventure de ce titre de championne des végétaux qu’elles ont fêté un peu, beaucoup…
Cet article est paru dans le Télépro du 12/5/2022
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