Les diamants sont… artificiels !

Entre 40 et 60 % moins cher que le naturel, le diamant de synthèse pourrait représenter 15 % du marché belge d’ici cinq ans © Getty
Alice Kriescher Journaliste

Naturels, les diamants étaient aussi dits éternels, imités et jamais égalés. Pourtant les actuelles pierres de synthèse semblent plus vraies que nature !

Elle gagne peu à peu du terrain cette tendance du diamant synthétique ! Pour cause, il est entre 40 et 60 % moins cher que le naturel et serait plus éthique et écologique. Mais est-ce réellement le cas ? «Coûte que coûte» (RTL-TVI) apporte des réponses mercredi soir.

Usage industriel

La technique de création artificielle de diamants n’est pas neuve, elle remonte au début du XXe siècle. Ces pierres de synthèse, aussi appelées diamants de culture ou de laboratoire, sont produites grâce à des techniques physiques et chimiques recréant la structure des pierres naturelles.

«Après la Seconde Guerre, les premiers diamants artificiels sont d’abord utilisés dans l’industrie mais, c’est en 1971, avec le développement de la technique HPHT (haute pression, haute température) qu’ils prennent leur essor», explique le site BFM Business.

Luxe en labo

Depuis, ce procédé complexe de fabrication n’a cessé de s’affiner. Dans les années 2000, leur présence sur le marché est encore rarissime. Pourtant, les joailliers perfectionnent aussi leurs méthodes pour traquer les fausses pierres. Au milieu des années 2010, la présence des diamants de synthèse grimpe en flèche et ils représentent environ 3 % du secteur. Aujourd’hui, ils sont passés à 5 % du marché belge. Selon les spécialistes, la production de diamants de labo pourrait atteindre 15 % dans cinq ans à peine.

Droits humains bafoués

En mai dernier, Pandora, une enseigne de bijoux d’entrée de gamme, annonce vouloir stopper la vente de bijoux fabriqués avec des diamants naturels, emboîtant le pas à de grands noms comme De Beers ou Swarovski, qui possèdent, en plus des joyaux classiques, des collections synthétiques.

Outre le prix moindre, les arguments des bijoutiers optant pour l’artificiel sont d’ordre écologique et l’éthique. Les diamants naturels, souvent surnommés «diamants de sang», suscitent nombre d’inquiétudes en matière de droits de l’homme pour les travailleurs des mines. En plus des conditions d’extraction, leur impact environnemental est aussi dénoncé. Mais, le synthétique est-il vraiment plus vert que le naturel ? Chacun prêche pour sa paroisse…

Bataille du vert

Une étude commandée par l’Association des producteurs de diamants, conclut qu’un diamant naturel de 1 carat provoque en moyenne 160 kg de CO2 , contre 511 kg pour son équivalent artificiel. «Une version contestée par les fabricants de synthèse qui expliquent que c’est l’origine de l’énergie qui doit être regardée», poursuit BFM Business.

«Si le charbon est souvent la norme dans l’industrie en Chine, la France utilise principalement l’électricité nucléaire dans son mix énergétique. Soit environ 20 kg de CO 2 par carat, pour la méthode basse température», enchaîne Alix Gicquel, fondatrice de Diam Concept, une start-up parisienne produisant des diamants de synthèse. «C’est dix fois moins que les meilleures mines connues.»

Naturel pas si éternel

Le diamant naturel serait-il en passe de perdre son aura éternelle ? Sur la base d’études récentes, la marque de joaillerie londonienne Nadine Aysoy constate que les 17-35 ans délaissent de plus en plus le diamant au profit de pierres reflétant davantage leur personnalité. Sont en vogue : l’émeraude, le rubis ou le saphir rose.

Par ailleurs, en 2019, une enquête de Forbes rapportait que «66 % des millennials (ndlr : personnes nées entre les années 1980 et 2000) en recherche active de bague de fiançailles pourraient se tourner vers un diamant de synthèse, alors que 23 % pourraient acheter une bague affichant un autre type de pierre précieuse réalisée en laboratoire.»

Cet article est paru dans le Télépro du 10/6/2021

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