Les deux naissances de Vercingétorix

Image extraite du «Secrets d'Histoire» diffusé ce mercredi sur France 3 © France 3/SEP

Retour en 52 avant J.-C., quand les Gaulois élèvent Vercingétorix en chef suprême pour mener la plus importante rébellion armée contre l’envahisseur romain… Ce mercredi à 21h10 sur France 3, «Secrets d’Histoire» retrace le destin de Vercingétorix.

Issu d’une grande famille aristocratique arverne (Auvergne actuelle), Vercingétorix a conduit et perdu la révolte d’une bonne partie des peuples gaulois contre l’envahisseur romain. Vincent Gentil, médiateur culturel du MuséoParc Alésia (Bourgogne, France), évoque ce grand chef de guerre du Ier siècle av. J.-C., ambitieux et… méconnu.

Vincent Gentil, pourquoi Vercingétorix a-t-il marqué l’Histoire ?

Vercingétorix a joué un rôle prépondérant dans la guerre des Gaules (conquête de la Gaule par les Romains, de 58 à 51 avant notre ère). Ce chef arverne, né aux alentours de -82, va mener une insurrection de plusieurs mois contre César avec 40 tribus sur la soixantaine que comptait la Gaule. En tant que héros national français et figure importante de l’Histoire, il est né (une seconde fois) au XIXe siècle grâce à l’empereur Napoléon III (1808-1873) qui souhaitait mettre en valeur l’histoire des peuples gaulois. Entre le récit donné par César de sa guerre contre Vercingétorix et le milieu du XIXe siècle, on s’est très peu intéressé à ce personnage.

Que sait-on de lui et pourquoi l’avoir oublié si longtemps ?

Pendant des siècles, Vercingétorix ne fut pas considéré comme une figure importante de l’Histoire de France pour la simple raison qu’il échoua dans son entreprise. L’insurrection qu’il mena contre César fut écrasée à la suite du siège d’Alésia en automne -52. Par la suite, les Romains devinrent les maîtres incontestés de tous les villages gaulois. Les peuples furent intégrés à plusieurs provinces romaines, payant tribut à Rome. Vercingétorix n’avait rien créé, rien laissé en héritage.

Était-il destiné à devenir un chef de guerre ?

On sait peu de chose sur son histoire familiale. Jules César nous explique qu’il est le fils de Celtillos, aristocrate et magistrat du peuple arverne ; un peuple organisé à l’époque sous l’égide d’un gouvernement aristocratique proche de la magistrature élective romaine. Celtillos fut accusé de vouloir restaurer la royauté à son profit, raison pour laquelle les Arvernes le condamnèrent à mort. La famille de Vercingétorix, richissime, possédait de grandes propriétés foncières, des mines, contrôlait le grand commerce avec Rome… On peut donc supposer qu’il était prédestiné, par son appartenance familiale, à devenir chef de guerre.

La représentation qu’on a de lui : grand, cheveux longs, moustache imposante… colle-t-elle à la réalité ?

Cette représentation traditionnelle – et d’ailleurs de tous les chefs gaulois -, tient à un texte, celui de l’historien grec du Ier siècle avant JC, Diodore de Sicile. Il écrit qu’au nord des Alpes, les nobles ont pour coutume de porter des cheveux longs, des nattes et de longues moustaches qui leur masquent la bouche. Il s’est ainsi amusé à dépeindre des Gaulois hauts en couleur. Pour savoir à quoi ressemblaient vraiment les Gaulois de cette époque, il faut observer les portraits ornant les monnaies frappées par les chefs de guerre, à l’époque de la Guerre des Gaules, qui servaient à payer la solde des combattants. On découvre le plus souvent des personnages imberbes aux cheveux courts.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/10/2023

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