«Les Derniers secrets de l’humanité» : l’Homme de Pékin en Amérique
Vingt ans après le succès phénoménal du docu-fiction préhistorique «L’Odyssée de l’espèce», le paléontologue Yves Coppens et le réalisateur Jacques Malaterre ont écrit une suite. À découvrir mardi à 21h10 sur France 2.
«Avec Yves, nous nous sommes dit qu’il était grand temps de donner un successeur à «L’Odyssée de l’espèce». Car, après avoir été vu par 400 millions de spectateurs dans le monde, le film est toujours projeté dans les écoles. Or, depuis sa sortie en 2003, de nombreuses découvertes scientifiques ont été faites sur nos origines et l’écriture cinématographique a tellement progressé», confie Jacques Malaterre. «Nous avons intitulé cette suite «Les Derniers secrets de l’humanité» car elle raconte tout ce que l’on a appris de nouveau depuis vingt ans sur nos ancêtres.»
Cap sur la Chine
«L’Odyssée…» se déroulait en majeure partie en Afrique, pour «Les Derniers secrets…», le paléontologue et le cinéaste ont choisi de raconter la préhistoire vue de Chine. «Pour Yves, c’était l’occasion de raconter une préhistoire peu connue. Et pour moi, l’opportunité de tourner des steppes gelées de Mongolie jusqu’aux forêts tropicales d’Hainan. Et de montrer des animaux préhistoriques qui n’existaient qu’en Asie. Comme le gigantopithèque, l’ancêtre du gorille qui mesurait 3 mètres de hauteur ; le stégodon, l’ancêtre de l’éléphant qui mesurait 4 mètres ; ou le tigre à dents de sabre. On a écrit le scénario pendant deux ans. La Chine a tout de suite accepté de coproduire le film, dont le budget est de 6,5 millions d’euros. Mais deux mois après avoir eu l’accord, le covid est arrivé.»
Un casting de fou
Malaterre va patienter un an et demi avant de pouvoir enfin s’envoler, seul, pour Shangaï. «Je me suis retrouvé face à des gens cagoulés qui m’ont aspergé de produits, puis isolé pendant trois semaines dans une chambre d’hôtel. J’ai compris que le pays était en guerre. Mais ensuite, j’ai pu circuler partout et tourner sans masque.» Commence alors le casting. «Il n’y a rien de plus difficile pour un comédien que de jouer un homme préhistorique, car il n’existe aucune référence. J’ai visionné des milliers de vidéos, puis auditionné un millier d’acteurs avant d’en retenir une centaine avec qui j’ai répété pendant trois mois. Il fallait réveiller l’homme préhistorique qui sommeille en chacun de nous. Qu’ils apprennent un langage complètement inventé par Yves et moi. Qu’ils s’entrainent à évoluer dans la neige, la boue, dans une grotte ou une forêt tropicale. Qu’ils mangent de tout : des sauterelles et des asticots vivants, du foie et du cœur crus, du rat. Qu’ils supportent quotidiennement d’être maquillés pendant quatre heures.»
Film posthume
Après deux mois de tournage en pleine nature, le réalisateur rentre à Paris pour monter les images filmées en Chine et ajouter celles des animaux en effets spéciaux numériques. Hélas, son complice ne verra jamais le documentaire terminé. Yves Coppens décède en juin 2022. «Notre film, c’est un long voyage dans le temps. Il débute il y a un million d’années lorsque Homo erectus découvre le feu et se termine en -20.000 lorsque les Homo sapiens venus d’Asie découvrent l’Amérique», résume Jacques Malaterre.
Sagesse préhistorique
Et le réalisateur de conclure : «Ces lointains ancêtres, qui étaient encore considérés il y a vingt ans comme des sauvages, on s’aperçoit à présent qu’ils étaient beaucoup plus respectueux de la vie que nous aujourd’hui. Ils vivaient en harmonie avec la nature. Ils étaient pacifiques, humanistes, la parité existait. Il y a un proverbe africain qui dit : «Quand tu ne sais plus où tu vas, arrête-toi, retourne-toi et regarde d’où tu viens !» C’est en regardant d’où l’on vient, en regardant ces docu-fictions préhistoriques, qu’on apprend beaucoup sur ce que nous sommes aujourd’hui.»
Cet article est paru dans le Télépro du 11/4/2024
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