Les animaux et leurs excréments : c’est dans le besoin, qu’on reconnaît ses amis
Quand les animaux parlent grâce à leurs excréments : tel est le thème du documentaire «Ce que les crottes nous disent», jeudi à 15 h 35 sur Arte !
Une pleine page pour disserter sur les crottes de chien, la bouse de vache, les chiures de mouche ou les colombines de pigeon. Sans oublier les pétoulettes de chèvre et de mouton ou les fumées de cerf et de sanglier… Après bien des années de journalisme, je n’imaginais pas ce métier me réserver cette surprise !
L’autre motif d’étonnement : ce sujet n’a rien de léger ! Vous en doutez ? Direction l’Australie.
Carrément incroyable
Il a une bonne tête le wombat ! Un air de famille avec le blaireau et la marmotte, une démarche un peu gauche : il est choupinou ce marsupial d’une quarantaine de kilos pour un mètre de longueur. Il y a quelques années encore, on ne s’étonnait que de deux choses chez lui : qu’il pousse des pointes de vitesse à 40 km/h et qu’il utilise ses fesses cartilagineuses comme bouclier pour préserver l’entrée de son terrier !
Une particularité intriguait toutefois les éthologues : ses crottes sèches en forme de cube à six faces, uniques au monde ! Une étude publiée l’an passé lève le mystère. Si la forme cubique de ses selles est due à une spécificité de son intestin, le «pourquoi» est inattendu : le wombat communique grâce à ses déjections !
Contrairement aux sphères, les cubes ne roulent pas. Le message du marsupial ne s’égare donc pas dans la nature mais reste là où il a été déposé. Que dit-il ? «C’est mon territoire» ou «Attention, danger». Et le wombat est loin d’être une exception…
Réseau social
Comme l’indique la présentation d’une exposition (répondant au nom évocateur de «KK-ZOO») au Musée d’histoire naturelle de Genève, les crottes d’animal peuvent être utilisées comme arme de guerre, garde-manger ou lien social. Chez le rhinocéros indien par exemple, les odeurs laissées dans son fumier indiquent le rang de chaque individu au sein du groupe mais aussi sa disponibilité sexuelle.
Les chameaux ou les lamas disposent, eux, de toilettes communes. Chacun y laisse une foule d’infos destinées à ses congénères, du genre «je suis passé ici à tel moment» ou «je suis en chaleur». Voire, via les hormones de stress laissées dans les urines : «j’ai été attaqué par un puma», comme l’explique le conservateur du musée au quotidien Le Temps. Un vrai réseau social pour animal.
Armes de guerre
Dans le documentaire d’Arte, l’écologue Scott Burnett insiste aussi sur le rôle joué par les excréments de certaines espèces dans la chaîne alimentaire (le fer contenu dans ceux des baleines bleues nourrit le phytoplancton) ou la préservation de la végétation locale. Ainsi, «les graines, pépins et noyaux de plus de 260 espèces végétales différentes rejetés dans les défécations par le casoar casqué sont à l’origine de nouvelles germinations».
Et ce n’est pas tout : dans le cas des fientes, celles-ci peuvent être utilisées par leurs auteurs comme des armes de guerre : les grives et les merles s’en servent pour canarder les indésirables s’approchant de leurs nids…
En résumé : les crottes des animaux «parlent». Pendant très longtemps parfois ! L’analyse d’un coprolithe de tyrannosaure datant de 65 millions d’années révèle qu’il venait d’engloutir un tricératops.
Et il paraît aussi que les déjections canines peuvent nous parler. Si nous marchons sur l’une d’elles par inadvertance, elle serait censée nous dire : «Crotte de chien ne rapporte rien». À vérifier ?
Cet article est paru dans le Télépro du 28/7/2022
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