Les abeilles, sentinelles essentielles
Ces indispensables butineuses assurent le maintien de la biodiversité, de la flore sauvage et des écosystèmes. Un équilibre vital de plus en plus menacé…
«Si l’abeille disparaissait, l’homme n’aurait que quelques années à vivre.» Cette citation apocryphe, faussement attribuée à Einstein, n’est pas absente de vérité. «Qu’importe sa version», commente le scientifique Hubert Reeves (88 ans), dans une chronique de 2008, «la phrase véhicule un message important : le sort de l’humanité est lié à celui des pollinisateurs. Et ce sont surtout des insectes, dont les abeilles.»
Car le constat est alarmant : les abeilles continuent de disparaître partout dans le monde. Un doc d’Arte s’intéresse à l’initiative heureuse de Carlo Amodeo, un apiculteur sicilien engagé qui est parvenu à sauver de l’extinction une espèce autochtone très ancienne : l’abeille noire.
Abeilles mellifères
Très appréciée des apiculteurs, cette Apis mellifera mellifera, d’un brun foncé, existe aussi dans nos contrées depuis des millénaires. C’est la plus rustique de toutes ses congénères. Ses atouts : cette abeille locale résiste bien au froid et aux maladies. «Elle se débrouille pratiquement seule et permet une apiculture durable, donc écologique !», souligne Hubert Guerriat, président de l’association Mellifica qui veille à préserver cette indigène. Hélas, elle n’est plus présente à l’état pur que dans la botte de Chimay. Une fois hybridée, elle devient trop agressive. Ce qui n’est pas le cas des deux autres principales sous-espèces élevées en Wallonie : la Buckfast (aussi appelée Frère Adam) et la Carnica. Toutes nos abeilles mellifères, pures ou croisées, se distinguent par leurs critères : la pilosité, le mode de nidification ou encore le type de plantes butinées. Autant d’infos que tout apiculteur avisé doit connaître avant de choisir la colonie qui peuplera son rucher.
Abeilles sauvages
Mais toutes les abeilles ne fabriquent pas du miel… Il existe aussi des abeilles sauvages, plus discrètes, et pourtant d’autant plus essentielles à notre écosystème. Plus de 16.000 espèces sont répertoriées sur Terre. Notre pays en compte près de 370, dont 347 en Wallonie. Des gros bourdons aux petites solitaires, ces agents pollinisateurs assurent la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales wallonnes. Les trois quarts de nos cultures agricoles en dépendent et, à plus grande échelle, un tiers de l’alimentation humaine !
Disparition inquiétante…
La population des apidés diminue cependant depuis une vingtaine d’années. En cause : les pesticides, mais aussi les intrus biologiques – comme le frelon asiatique dévoreur d’abeilles -, les OGM et des perturbateurs tuant les abeilles et empêchant ainsi la pollinisation… La lutte contre le déclin des abeilles domestiques et sauvages s’inscrit dans un contexte mondial d’efforts visant à préserver la biodiversité. En Région wallonne, entre autres initiatives et depuis 2011, le Plan Maya forme les apiculteurs et bâtit un cadre agricole favorable aux abeilles (http://biodiversite.wallonie.be, taper «Plan Maya» en recherche).
Dénicher le bon miel
Concluons par ces conseils pour bien choisir son miel : observez sa cristallisation et son durcissement. Le miel naturel, d’abord liquide, durcit et cristallise de manière homogène au fil du temps. S’il reste liquide, c’est mauvais signe… Recherchez la mention «récolté ou mis en pot par l’apiculteur». En cas de doute, se fournir directement auprès de l’apiculteur. Enfin, une envie de déguster du miel d’abeille noire belge ? Virevoltez par ici : https://mieldenoire.be!
Chasse au frelon
Trop tôt rallié par ses confrères, un apiculteur breton a créé un piège révolutionnaire pour combattre le frelon asiatique, impitoyable prédateur exogène des abeilles autochtones. Son invention a été primée au Concours Lépine en 2018. D’une centaine d’euros, elle est connaît un vif succès auprès des apiculteurs et collectivités. www.jabeprode.fr
Cet article est paru dans le Télépro du 15/04/2021.
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