Les 1.001 vies du papyrus
Très usitée par les Égyptiens, il y a 3.000 ans, cette plante pourrait faire son grand retour grâce à ses nombreuses vertus. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «Les Mystères d’un papyrus égyptien».
Servant essentiellement de support d’écriture dans l’Antiquité et conservé en rouleaux ou en codex (feuillets reliés comme un livre) par les dirigeants ou les érudits (l’ancienne bibliothèque d’Alexandrie abritait des milliers de rouleaux d’œuvres d’auteurs anciens), le papuros (du grec ancien venant de l’égyptien pa-per-aa) était fabriqué à partir d’une des plantes les plus anciennes de l’humanité : le «djet» ou «tjufi» et, en langage scientifique, le cyperus papyrus.
Roseaux magiques
Ce grand roseau d’eau douce à fleurs poussait jadis le long du Nil, dans des marais boueux. Sa disparition, bien plus tard, s’expliquera non par un changement de climat, mais par l’arrivée du parchemin et du lin chinois qui ont rendu obsolètes sa culture et son commerce.
En attendant, le papyrus a été d’une grande aide dans maints domaines, illustrant ainsi l’incroyable inventivité de l’Égypte ancienne. Dans les habitations, les tiges servaient de bois pour le feu et à fabriquer ustensiles et récipients (coffrets, paniers, étuis fins) pour la cuisine ou pour les effets de toilette. Tressés, des cordages permettaient de faire des tapis, des rideaux, des couvertures et revêtements (murs, meubles, chaussures). La plante herbacée convenait aussi à la construction de radeaux ou de petits bateaux.
Cependant, c’est à la connaissance et à sa transmission que le papyrus s’est révélé le plus précieux. En 1873, en voyage vers Louxor, l’égyptologue allemand Georg Ebers, mandaté pour rédiger le premier guide touristique de la région, découvre l’un des plus anciens traités médicaux sur un rouleau de papyrus de 18 m, et le ramène à la bibliothèque universitaire de Leipzig. En 1875, il en publie le contenu : près de 900 remèdes antiques mêlant médecine et incantations magiques de l’ère des Pharaons !
Secrets sur ordonnance
Si certaines formules «magiques» étaient utilisées comme effets placebo, les autres, fruits de réflexions et de vérifications empiriques, demeurent aujourd’hui intéressantes pour les chercheurs et laborantins. Car les anciens Égyptiens avaient rédigé de vrais dossiers médicaux et pharmaceutiques, y compris des ordonnances sur papyrus !
On y apprend que les plaies étaient soignées par application de levure de bière ou de viande fraîche badigeonnée d’huile et de miel. L’ail était conseillé aux asthmatiques. Des concoctions saule-myrte visaient à soulager inflammations et douleurs articulaires. Des cosmétiques prévenaient les soucis oculaires grâce aux propriétés antibactériennes de l’antimoine qui servait d’«eye-liner» et celles de la malachite du «fard à paupières» vert.
Tout aussi étonnant et plus récent : selon l’écologiste américain John Gaudet, auteur du livre «The Pharaoh’s Treasure», la qualité et la solidité du papyrus pourraient servir, à l’avenir, de filtre naturel pour purifier certaines eaux polluées. L’Histoire nous le dira.
Cet article est paru dans le Télépro du 13/4/2023
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