Leon Lewis, un vrai héros à Hollywood
Samedi à 21h, «Retour aux sources» suit les traces d’un homme qui a su barrer la route des nazis à Hollywood : Leon Lewis.
En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne. Au même moment, Leon Lewis, avocat juif habitant à Los Angeles et ancien combattant de la Première Guerre mondiale, se promène sur l’une des célèbres avenues de sa ville. Au-dessus de sa tête, un ciel menaçant, des drapeaux américains et d’autres, ornés de croix gammées. Il le sent, quelque chose de bien plus inquiétant qu’un orage gronde dans son pays.
Sous la robe
Né en 1888 dans le Wisconsin de parents juifs allemands, Leon Lewis est un avocat reconnu à Los Angeles, où il vit depuis 1931. Pour l’Anti-Defamation League, l’ADL, dont il est le secrétaire national, Lewis traque les images et propos antisémites dans les salles obscures d’Hollywood et surveille les groupuscules fascistes. Ces derniers prennent de l’ampleur.
Aux côtés du Ku Klux Klan ou des silver shirts, groupe fasciste fondé en 1933, viennent de débarquer les FNG, Friends of New Germany, qui inquiètent davantage Lewis. Mais son statut de secrétaire de l’ADL l’expose trop, il ne peut enquêter seul. «Il va lui falloir un complice, capable d’être ses yeux et ses oreilles partout où il ne peut se rendre lui-même», relate le documentaire. Cet homme, ce sera un ami, un ancien capitaine de l’armée américaine d’origine allemande, John Schmidt.
Schmidt, mon nom est Schmidt
Dès août 1933, Schmidt passe à l’action et se rend au quartier général du FNG pour adhérer au parti, son accent germanophone rassure, il est accepté. À travers lui, Lewis peut enfin infiltrer la menace nazie. «Grâce aux informations de Schmidt, l’avocat comprend que les leaders du FNG cherchent à recruter massivement de nouveaux adhérents pour constituer une armée.»
Lewis frappe à toutes les portes : police de Los Angeles, Secret Service, FBI… Partout on lui rétorque que ses craintes sont infondées ou que son dossier est trop maigre. Avec une partie de ses économies et l’apport financier de quelques associations juives, il engage alors de nouvelles recrues, hommes et femmes, pour monter un réseau d’espionnage clandestin.
Maître Leon, Mister Lewis
Durant plusieurs années, Leon Lewis va mener une double vie, celle d’un avocat discret le jour et d’un méthodique meneur d’espions la nuit. En 1937, l’un des hommes de Lewis va recueillir de terrifiantes confidences. Un partisan fasciste lui explique un plan intitulé «La liste», soit vingt-quatre noms de célébrités hollywoodiennes à abattre simultanément en faisant exploser leurs domiciles. Parmi les cibles, le producteur Louis B. Mayer, Charles Chaplin et celui que l’on surnomme chez les fascistes «le Juif le plus dangereux d’Hollywood» : Leon Lewis.
L’homme explique que ses camarades et lui ont réussi à obtenir 20.000 dollars en flouant un millionnaire de la ville. Ne pouvant faire avorter légalement cette tentative d’assassinat sur une simple présomption, Lewis contacte les autorités et le cerveau de l’opération tombe pour extorsion. La police l’écoute enfin. Il transmet alors le fruit de cinq ans de surveillance clandestine, trois mille pages de dossier. Le FBI lui propose un poste, il refuse.
Une fin discrète
En décembre 1941, les Japonais bombardent Pearl Harbor. Le soir même, Leon Lewis transmet à J. Edgar Hoover, patron du FBI, la liste détaillée de tous les Allemands de Californie qui constituent une menace. Les nazis d’Hollywood sont mis hors d’état de nuire, Lewis a rempli sa mission et redevient un avocat à temps plein.
«Le 21 mai 1954, alors qu’il quitte son bureau pour rentrer chez lui, il meurt d’une crise cardiaque», raconte le documentaire. «Jusqu’à ce jour, le grand public ne saura rien sur ce discret avocat juif qui s’est levé contre le péril nazi au nom d’une Amérique fraternelle et libre.»
Cet article est paru dans le Télépro du 24/2/2022
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici