Le toucher, ce sens essentiel !
Pour l’animal social qu’est l’Homme, les contacts physiques sont un besoin vital dont nous sommes privés depuis de trop longs mois… Ce samedi à 22h25 sur Arte, le documentaire «Le Pouvoir des caresses» risque… de vous toucher !
«Le toucher nous est tout aussi indispensable que l’air que nous respirons.» C’est par les mots du neuroscientifique Francis McGlone que s’ouvre le doc «Le Pouvoir des caresses» (Arte, samedi) qui explore toutes les facettes de ce sens capital. Face à un immense chagrin, une étreinte bienveillante est souvent plus efficace que mille mots. Depuis peu, les scientifiques s’accordent à dire que les actes de tendresse ont des effets bénéfiques, voire vitaux, sur l’Homme. Or aujourd’hui, il nous est interdit de nous enlacer pour manifester la joie de nous retrouver… Pourquoi les contacts physiques nous manquent-ils autant ?
Besoin inné
Le toucher est le premier sens à se développer : des récepteurs cutanés apparaissent déjà lors de la huitième semaine de gestation. Dès les premières minutes de notre vie, le toucher est essentiel. Le peau à peau permet au nouveau-né de se sentir en sécurité mais il régule aussi ses fréquences respiratoire et cardiaque, sa température et son de taux de sucre. Il diminue également les risques d’infection. Cette pratique est d’autant plus importante pour les prématurés car elle participe, entre autres bienfaits, à la maturation du cerveau et à la prise de poids.
À tout âge
Si pour les tout-petits, les caresses sont vitales, elles continuent ensuite de jouer un rôle primordial. Le moindre effleurement de notre peau modifie tout notre organisme. S’il est réalisé par un tiers et, évidemment, désiré, notre cerveau libère une série d’hormones et de neurotransmetteurs qui circulent dans tout notre corps : nos muscles se relâchent, notre fréquence cardiaque et notre respiration se calment. Parmi ces hormones, on retrouve les endorphines – hormones du bonheur – et l’ocytocine, hormone de l’attachement et de l’affection. Celle-ci jour un rôle dans la construction de liens durables en renforçant le sentiment d’intimité et de confiance que nous entretenons avec la personne qui nous touche. Cette hormone est excellente pour notre santé : elle a des effets apaisants, stimule la croissance et booste notre système immunitaire.
Caresse parfaite
Au début des années 2000, des chercheurs ont découvert un nouveau type de fibres nerveuses dont le seul rôle est de traiter les sensations tactiles agréables : les «nerfs CT». Ces fibres du «toucher-caresse», enroulées autour des follicules pileux, s’activent si le poil est dévié de sa position normale. Alors que les autres fibres du toucher, émotionnellement neutres, envoient leurs signaux au cerveau à environ 240 km/h, ceux des nerfs CT ne se déplacent qu’à 3 km/h, entraînant un sentiment de plaisir diffus. Quel est alors le secret de la caresse parfaite ? Une pression modérée à une vitesse d’environ 2,5 cm par seconde réalisée par un objet dont la température est de 34°C, soit la chaleur de la peau humaine.
Toucher à distance
S’ils étaient jusque-là un moyen réconfortant de voir la frimousse d’amis éloignés, les appels vidéo sont devenus la norme, comme ces cyber-apéros ayant remplacé les réjouissances en groupe. Mais trinquer par caméra interposée n’a pas la saveur d’une réunion entre amis faite de tapes dans le dos et de bisous sur la joue… Pour pallier ce manque de contacts physiques, une technologie fait son apparition, à cent lieues des vulgaires «sex-toys» activés à distance. John Rodgers, physicien et chimiste à l’université de Northwestern (États-Unis), travaille sur une peau artificielle connectée. En touchant un écran, des capteurs électroniques convertissent les signaux électriques en pressions et vibrations. Les «vraies» caresses virtuelles sont peut-être pour bientôt…
Cet article est paru dans le Télépro du 4/3/2021
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