Le tigre de Sibérie n’est pas mort ce soir…
Déclaré en voie d’extinction il y a quatre-vingts ans, le tigre de Sibérie a retrouvé sa place au cœur des forêts de l’Extrême-Orient russe. Ce mercredi à 18h55, Arte évoque «Le Grand retour du tigre de Sibérie».
Le pic à bec ivoire, un autre oiseau nommé la paruline de Bachman, des poissons d’eau douce, des mollusques, une plante… Le 23 septembre dernier, les États-Unis déclarent au total 23 nouvelles espèces vivantes définitivement éteintes. Autant d’êtres vivants encore disparus… et une exception : le tigre de Sibérie.
En voie de l’être il y a peu, il semble revenu d’entre les morts. Quelles-sont les raisons de son retour ? À quels défis sera-t-il encore confronté ? Réponses.
Plus puissant des félins
Le Panthera tigris altaica (nom scientifique), communément appelé tigre de Sibérie, a aussi un joli surnom : «tigre de l’Amour», en référence au fleuve éponyme qui coule en Sibérie et en Chine. Récemment, il a vu son pronostic vital passer d’espèce «en danger critique» à «en danger stable».
Le plus grand de toutes les sous-espèces de tigres est aussi le plus puissant des félins. Son corps est long et massif, ses pattes sont larges, tandis que ses impressionnantes griffes peuvent atteindre 10 cm !
L’épaisse fourrure dont il est pourvu est un atout. Initialement jaunâtre et ornée de rayures noires, elle s’éclaircit en hiver, lui offrant un camouflage dans les paysages enneigés et lui permettant surtout de supporter les températures extrêmes de son milieu naturel.
L’Homme, ennemi n°1
Malgré ces qualités, l’animal majestueux, considéré comme l’âme de la faune russe, a failli disparaître. Dans les années 1940, on en recense une quarantaine. La raison de ce déclin est tristement banale. «Chassé pour sa fourrure et pour ses os, prisés par la médecine chinoise, le félin est souvent abattu par des éleveurs en représailles aux attaques perpétrées sur leurs troupeaux», explique le site du WWF (Fonds mondial pour la nature). «Quant à l’exploitation forestière pour le commerce du bois, elle entraîne une diminution de ses proies, ce qui contraint le tigre de Sibérie à abandonner son territoire et à disparaître peu à peu…»
Les «pays du tigre»
L’extinction du tigre de Sibérie en particulier, et du tigre sauvage en général, a longtemps été vécue comme une fatalité. Il y a un siècle, environ 100.000 tigres sauvages, dont des sibériens, peuplaient le continent asiatique. En 2010, ils étaient moins de 3.200.
L’urgence devient réelle et le WWF lance un projet baptisé Tx2. Objectif ? Doubler la population de tigres sauvages d’ici 2022, année du Tigre dans l’horoscope chinois. Treize pays dits «du tigre» (Bangladesh, Bhoutan, Chine, Russie, Thaïlande…) s’engagent alors au côté de l’ONG.
Résultat ? En 2015, la population des tigres sauvages a augmenté et est estimée à 3.900. Pour la sous-espèce sibérienne, les nouvelles sont encourageantes aussi : 450 spécimens en 2004, 500 fin 2009 et, en 2015, un recensement plus approfondi établit que 562 tigres vivraient à l’état sauvage sur le territoire russe.
Photo d’identité
Recenser la population des tigres sauvages n’est pas chose aisée. Les spécialistes tracent néanmoins cet animal très farouche grâce à des pièges photographiques : des appareils photo se déclenchant quand ils détectent une présence animale.
Mais une fois le cliché pris, comment savoir s’il ne s’agit pas à chaque fois du même tigre ? «Chaque animal est identifiable par ses rayures», explique le WWF, «uniques, différentes d’un individu à l’autre, tels un code barre, une empreinte digitale».
Panique au village
En avril dernier, des villageois de l’extrême nord-est de la Chine ont vécu la terrifiante expérience de se retrouver nez à nez avec un jeune tigre de Sibérie désespérément à la recherche de nourriture. L’un des habitants était protégé par l’habitacle de sa voiture, l’autre, un paysan, a été légèrement blessé.
Les autorités ont alors demandé à la population de se cloîtrer chez elle, le temps de maîtriser l’animal avec des fléchettes tranquillisantes. Le grand félin a été placé en quarantaine avant d’être relâché.
Cet article est paru dans le Télépro du 7/10/2021
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