Le tattoo, rituel culturel
Escale aux îles Samoa, jeudi à 15h35 sur Arte, pour découvrir les secrets des tatouages rituels pratiqués dans cet état de la Polynésie.
Loin de n’être qu’un phénomène de mode, marquer sa peau à l’encre est une tradition millénaire observée mondialement. Le premier tatoué découvert n’est autre qu’Ötzi, l’homme des glaces mort il y a 5.300 ans !
Tour du globe de quelques coutumes hautes en couleur.
Irezumi japonais
Pratiqué depuis la préhistoire, le tatouage japonais, irezumi, se répand au VIIIe siècle chez les Aïnous, un peuple de chasseurs et d’artisans, comme symbole d’appartenance sociale et protection spirituelle. Rapidement, cependant, il acquiert une mauvaise réputation alors que les Japonais se passionnent davantage pour les tenues et les parfums.
Il réapparaît au début du XVIIe siècle pour marquer les criminels. Mais il possède aussi une fonction honorifique, couvrant le corps de certaines corporations et des kyôkaku, héros hors-la-loi. En 1872, soucieux de son image, le Japon interdit le tattoo, qui continue à être dessiné en secret, jusqu’à sa légalisation lors de l’Occupation américaine en 1948. Si les irezumis fascinent, ils sont surtout devenus le signe distinctif des yakuzas, membres de la mafia nippone. Nombre de bains publics et salles de sport refusent d’ailleurs l’accès aux tatoués.
Moko maori
Pour les Maoris, peuple polynésien de Nouvelle-Zélande, le tatouage est entouré d’une légende. Le jeune Mataora aurait appris cet art dans le monde des esprits, du père de sa bien-aimée la déesse Niwareka, pour le répandre dans le monde des Hommes. Le Ta Moko est traditionnellement réalisé avec des ciseaux en os trempés dans des pigments et appliqués sur de larges incisions. Sa pratique, longue et douloureuse, a lieu lors de cérémonies. Partie sacrée du corps, c’est sur le visage que se grave le tattoo qui a une fonction sociale : statut, autorité, généalogie, connaissances… Il raconte la vie de celui qui le porte.
Sak Yant thaïlandais
Le Sak Yant (sak signifie «tatouer» et Yant, dérivé du sanskrit Yantra, «prière») est un dessin sacré thaïlandais qui, pour être authentique, doit être réalisé par un moine bouddhiste et, pour être efficace, posé sur un adepte qui respecte les principes de cette religion. À l’origine, pour se protéger, les moines se tatouaient des textes religieux. Ces symboles réputés magiques ont attirés les soldats, désireux de profiter de leurs pouvoirs : invincibilité, force et même invisibilité ! Exit la modernité pour imprimer le dessin, il est réalisé avec une longue aiguille rapidement pressée contre la peau pour y injecter l’encre. La magie du dessin est ensuite «activée» par des prières.
Codes des prisons russes
À partir de 1922, en Union soviétique, les tattoos deviennent les CV des criminels. Tatouer étant illégal, les détenus font fondre les talons de leurs bottes pour les mélanger à du sang et de l’urine afin d’obtenir de l’encre. Les motifs respectent un langage secret, décrypté par Danzig Baldaev, gardien de prison à Leningrad (actuelle Saint-Pétersbourg). Le nombre de coupoles d’une église orthodoxe indique les séjours en prison ; une tête de mort traduit un meurtre ; un chat signifie un vol ; la croix gammée pour ceux qui n’ont pas avoué leur crime et le poignard sur les condamnés pour agression sexuelle.
Tattoo Razzouk
À Jérusalem, depuis 700 ans, les pèlerins chrétiens marquent leur chair de leur passage dans la Ville Sainte. Aujourd’hui, le nom d’une famille est mondialement connu : les Razzouk. Issus de la communauté copte d’Égypte, ils ont commencé à tatouer les chrétiens pour les identifier. Installés dans la cité trois fois sainte depuis 500 ans, ils transmettent leur art de père en fils. Wassim, qui tient l’actuelle boutique proche du Saint-Sépulcre, utilise encore les modèles hérités de ses ancêtres.
Cet article est paru dans le Télépro du 27/5/2021
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