Le sport en héritage
Arènes, jeux de paume, piscines, stades ou écuries : la France compte des dizaines de monuments historiques liés au sport. En Belgique aussi, des lieux sportifs sont chargés d’histoire. Leur accordons-nous l’importance qu’ils méritent ? Ce jeudi à 23h35, France 3 diffuse «Sport et patrimoine, toute une histoire».
Les monuments historiques liés aux sports passent souvent inaperçus. «Le patrimoine sportif est mal connu, très peu identifié et n’a longtemps pas été considéré comme étant une catégorie architecturale en tant que telle», explique Franck Delorme, historien de l’architecture. Or le sport a pris une place prépondérante dans la société et fait émerger des types architecturaux désormais familiers (gymnase, piscine ou stade). Au fil du temps, «les sports inventent, par leur nécessaire codification, leur propre architecture».
Des arènes de Nîmes au gymnase des Lavandières à St-Germain-en-Laye, le sport a contribué à la création en France de lieux uniques : l’autodromede Linas-Montlhéry, l’hippodrome de Chantilly, le stade Chaban-Delmas à Bordeaux, le Palais de Bercy, le Stade de France ou le Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Sans oublier l’étonnante Soucoupe de Saint-Nazaire.
Un patrimoine à préserver
En Belgique, nos plus grands édifices sportifs sont dédiés au foot ou au basket. Certaines infrastructures ont une longue histoire et font partie du patrimoine architectural. À Bruxelles, le Tennis Club de Belgique, exemplatif de l’architecture des années 1950, est remarquablement conservé. Plusieurs piscines bruxelloises sont de petits bijoux Art déco : les Bains du Centre, la piscine de St-Josse, la piscine Victor Boin à Saint-Gilles (en rénovation), la piscine Neptunium à Schaerbeek et celle d’Ixelles. Certaines sont classées monuments historiques.
À Liège, les Bains de la Sauvenière, construits en 1938, abritaient un complexe sportif et des bains publics. L’élément le plus remarquable était le grand hall des piscines, éclairé par une grande verrière et par la voûte en berceau, en béton translucide réalisé par les Cristalleries du Val-Saint-Lambert. La piscine a fermé en 2000. Classé, ce symbole liégeois fut rénové pour accueillir, en 2014, un lieu culturel, La Cité Miroir.
Longue attente
Les infrastructures sportives vieillissantes, fermées pour raisons de sécurité, attendent de longues années avant de bénéficier d’un subside pour leur rénovation, à condition d’avoir un intérêt patrimonial. À Liège toujours, le Palais des Sports date de l’Exposition internationale de l’Eau 1939. Il comportait une patinoire très populaire. Le bâtiment, fermé fin 2010, ne sera jamais rouvert. Une nouvelle patinoire fut construite au sein de la Médiacité et il fut laissé à l’abandon. Repris dans le plan de l’écoquartier de Coronmeuse, il va enfin bénéficier d’une rénovation pour accueillir en 2030 une école, une salle multisports et un marché bio.
Autre exemple : le Stade des Jeux, sur la Citadelle de Namur. Depuis 1910, il a accueilli une grande diversité de manifestations sportives et culturelles. Aujourd’hui, il sert surtout de décor aux événements organisés sur l’esplanade. Classé en 2015, il sera bientôt rénové.
Tous n’ont pas cette chance. Le Stade Vélodrome de Rocourt, inauguré en 1921 pour abriter le FC Liégeois, a accueilli de nombreux matches et quatre Championnats du Monde de cyclisme sur piste. Il fut démoli en 1995. Un complexe cinémaKinepolis a été construit sur le site. Nombreux sont les Liégeois qui n’ont pas digéré la vente de ce stade mythique à des promoteurs immobiliers.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/7/2024
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici