Le saviez-vous ? Un quart des animaux sont des coléoptères !
Mardi après-midi, Arte nous emmène à la découverte des coléoptères, un ordre d’insectes aussi foisonnant que fascinant.
Scarabées, coccinelles et charançons sont des coléoptères. Si nous côtoyons certains d’entre eux dans nos jardins, nous sommes très loin d’en avoir fait le tour. Ils représentent un quart de la diversité animale et, à ce jour, plus de 400.000 espèces ont été décrites sur tous les continents, hormis l’Antarctique. Petit tour d’horizon de ces insectes surprenants.
Bête à bon dieu
Dans les années 1940, un théologien interrogé sur l’esprit qui avait selon lui créé l’univers répondit qu’il avait sans doute «un penchant excessif pour les coléoptères». En effet, les experts estiment qu’il en existerait en réalité plus d’un million d’espèces. Leur point commun : une première paire d’ailes, conformées en élytres coriaces et résistants, protégeant les ailes postérieures motrices. L’élytre, cette cuirasse qui leur permet de se protéger des prédateurs, est l’une des explications de la «success-story» de ces insectes qui se sont massivement diversifiés durant la période du Carbonifère, il y a 300 à 350 millions d’années.
De tout pour faire un coléoptère
Dans le vaste monde de ces petites bébêtes, comme dans celui des humains, il y en a pour tous les goûts : des forts, des petits et des géants. Le hanneton, par exemple, dont le vol émet un son très bruyant, soulève jusqu’à 400 fois son poids. Au XVe siècle, cet insecte a envahi la ville de Lausanne (Suisse) et provoqué une famine, ce qui lui valut d’être excommunié par l’Église lors d’un «procès d’animaux». Mais la force du hanneton n’est rien comparée à celle de l’Onthophagus taurus qui peut supporter jusqu’à 1.141 fois son poids. Ce qui reviendrait pour un humain de 70 kg à soulever 80 tonnes. Le Baranowskiella ehnstromi est quant à lui le plus petit d’Europe, de la taille d’un grain de sable, soit 0,45 millimètres de longueur pour 0,1 millimètre de largeur. À l’inverse, avec ses 16 centimètres, le Titanus giganteus est le plus grand coléoptère recensé. Le seul à le concurrencer est le Dynaste Hercule qui atteint 15 centimètres.
Super Coléo’
Certains coléoptères ont des aptitudes si impressionnantes que l’on pourrait en faire des super-héros de bandes dessinées. La Cicindela ebarneola, par exemple, est une Formule 1. Sa rapidité est quasi aveuglante : des pics de 2,4 mètres par seconde ont pu être relevés. Pour l’égaler, un homme devrait courir à la même vitesse qu’un Boeing 747. Le scarabée Magistrat se camoufle pour échapper aux dangers, il est capable d’imiter à la perfection les couleurs et motifs de son environnement. Le Cucujus clavipes peut, quant à lui, résister à des températures allant jusqu’à – 58 °C grâce à ses molécules antigel, tandis que le scarabée bombardier projette des jets bouillants pour éloigner ses agresseurs. Marvel n’a rien inventé !
Coquets coléoptères
Évidemment, la beauté est une notion subjective, mais, il y a fort à parier que si nous devions élire les plus beaux coléoptères, nos choix se tourneraient vers les plus colorés. À l’instar des chrysomèles, aux reflets argentés, des Dasytidae qui semblent parés de paillettes, ou des Buprestidae dont la carapace peut être multicolore. Ces teintes étincelantes, que l’on qualifie chez les coléoptères d’iridescentes, ne sont pas là que pour faire joli. Aussi étonnant que cela puisse paraître, pour certains insectes, briller est la meilleure manière de passer inaperçu. C’est le cas du coléoptère asiatique, le Sternocera aequisignata. Des chercheurs britanniques ont fait le test en épinglant des élytres dans les bois du parc de Leigh Woods. «Deux jours plus tard, surprise ! Les carapaces aux reflets irisés présentaient le meilleur taux de « survie »», détaille le magazine Sciences et Vie. «Cela peut signifier qu’elles sont mieux camouflées ou, au contraire, que les prédateurs repèrent les coléoptères, mais interprètent leur iridescence comme un avertissement et s’en détournent.»
Clap de fin ?
Pourtant essentiel au maintien de notre écosystème, les coléoptères sont en danger, comme l’explique sur France Inter le biologiste Fabien Condamine, chercheur du CNRS à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier. «Si ces animaux ont triomphé de nombreux stress écologiques au fil du temps, la perte très rapide de leurs habitats, pourrait les mettre sérieusement en difficulté. Dans le sud de la France, le déboisement des forêts de hêtres a fait plonger les populations de hannetons communs qui se nourrissent essentiellement des feuilles des arbres. Un succès évolutif aujourd’hui menacé en raison de notre désinvolture.»
Cet article est paru dans le Télépro du 5/08/2021.
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