Le riche récit du roi Crésus : qui était-il vraiment ?
Tout le monde connaît son nom de l’expression «riche comme Crésus». Mais qui était ce roi fortuné, le dernier de la dynastie des Mermnades, au VIe s. av. J.-C. ?
Avec le documentaire «L’Odyssée du trésor de Crésus» diffusé dans «Le Temps d’une histoire» ce vendredi à 22h40, La Une nous emmène à la découverte d’un trésor attribué au roi le plus riche de l’Antiquité classique : Crésus ou Karun en turc. Mais outre son nom devenu synonyme de fortune, que savons-nous de ce roi et de son patrimoine légendaire ?
Un fleuve d’or
Au VIe siècle avant notre ère, Crésus règne sur la Lydie, un royaume en bordure de la mer Égée, à l’ouest de l’actuelle Turquie. Outre son statut de souverain, l’homme est connu pour être le détenteur d’une richesse hors du commun. Selon la légende, il ne faut pas moins de 70 chameaux pour transporter les clés des chambres renfermant son trésor.
Une fortune qui, toujours selon la mythologie, trouve son origine dans le fleuve Pactole qui traverse la Lydie de Crésus et arrose la cité de Sardes, sa capitale. Si l’on en croit les sources de l’époque, ce fleuve possède des sables aurifères, comprenez qu’ils regorgent de paillettes d’or (d’où le sens actuel de «pactole»).
«Un prodige qui remonte au roi Midas», détaille le site Historia. «Ce dernier obtient de Bacchus que tout ce qu’il touche se change en or. Mais le malheureux n’envisage pas les conséquences de ce vœu imprudent. Car dès lors, tout ce qu’on lui sert à table se transforme en métal précieux. Affamé, assoiffé, il supplie Bacchus de lui retirer ce don : le dieu lui conseille de plonger dans la source du Pactole. Midas perd ainsi son pouvoir au profit des eaux du Pactole qui charrient la matière précieuse.»
Génie de la monnaie
Associer le roi Crésus uniquement au fameux fleuve Pactole et à sa richesse ne serait pas lui rendre l’hommage qu’il mérite. Selon l’historien Hérodote, Crésus est aussi l’inventeur du «bimétallisme», un système monétaire dans lequel deux métaux, généralement l’or et l’argent, servent de monnaie en parallèle.
Très rigoureux dans l’élaboration de ce nouveau système, Crésus exige que toutes les pièces de monnaie soient poinçonnées et frappées selon le même modèle. «Cet usage s’est ensuite répandu au Moyen-Orient et en Grèce avec des monnaies qui pouvaient être frappées sur des métaux moins nobles, comme le bronze et l’argent», relate le site Ooreka.
«Sous l’Empire romain, l’aureus (en or) et le sesterce (en orichalque, puis en argent) ont coexisté, un aureus permettait d’obtenir plus ou moins 100 sesterces.»
Plus tard, les rois de Perse, Cyrus et Darius, s’emparent de la Lydie et continuent à frapper la monnaie. Le second monarque apporte même sa touche à l’invention de Crésus en y faisant figurer des portraits. L’or circulant de moins en moins, les systèmes bimétalliques disparaîtront vers la fin du XIXe siècle.
Chasse au trésor
Dans les années 1960 et dans le plus grand secret, plus de 300 objets, dont certains en or, sont exhumés d’un tumulus funéraire près d’Usak, dans l’ouest de la Turquie. «Ce trésor, la Turquie en découvre l’existence en 1985, lorsque le Metropolitan Museum de New York organise une expo très médiatisée des merveilles archéologiques dont elle a récemment fait l’acquisition», explique France Culture. «Immédiatement, Ankara dénonce un pillage !» Les Turcs affirment que des malfaiteurs ont fait sauter la sépulture d’une princesse lydienne pour ensuite exfiltrer illégalement les pièces du pays.
Copies exposées
Après un long processus juridique, le gouvernement turc triomphe des Américains qui admettent ne pas avoir pris les précautions nécessaires lors de l’acquisition de la collection. En 1996, le trésor est rendu au musée d’Usak, mais la joie est de courte durée. Dix ans après la restitution, les autorités turques, alertées par une lettre anonyme, annoncent que plusieurs objets sont des copies, dont la plus belle pièce : la broche hippocampe.
«Le directeur du musée, reconnaît avoir organisé le vol et opéré les permutations. Son motif : le paiement de dettes de jeu…», ajoute France Culture. En 2012, la broche est finalement retrouvée en Allemagne et le vrai joyau est restitué à Usak et son musée archéologique, en 2014.
Cet article est paru dans le Télépro du 22/4/2021
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