Le pouvoir du toucher
Les contacts physiques jouent un rôle crucial dans la vie de l’homme. Jeudi à 19.50 dans «Tout s’explique» sur RTL-TVI, Mario Del Rio s’intéresse au sens qui nous procure sécurité et amour : le toucher !
Percevoir le monde
Organe le plus lourd et le plus étendu de notre corps, la peau est l’essence même du toucher. Composée de centaines de millions de terminaisons nerveuses, elle permet à l’homme de se situer et de se développer dans son environnement. Sans elle, difficile de percevoir le monde !
Selon Tom Theys, neurochirurgien à l’hôpital universitaire de Louvain, le toucher n’est en réalité pas unique, mais multiple… «Notre peau contient plusieurs récepteurs qui enregistrent le toucher mécanique, comme la pression ou les vibrations. Il faut faire la différence entre la sensibilité tactile grossière et la fine, cette dernière étant très importante pour une discrimination précise. En résumé, cela signifie que vous pouvez saisir quelque chose les yeux fermés et utiliser votre sens du toucher pour déterminer de quoi il s’agit.»
Lien affectif
Les caresses, et donc le toucher, jouent un rôle prépondérant dans nos relations affectives. Elles sont mêmes essentielles à notre bon fonctionnement cognitif. Le toucher est le premier sens à apparaître lors de la gestation. Le fœtus ne peut apercevoir la lumière, mais sent qu’il flotte.
Dès les premières minutes de sa vie, le bébé a besoin de ce que l’on appelle le «peau à peau» pour se sentir en sécurité. Il est essentiel à son bon développement. Tout comme chez les primates !
Harry Harlow, psychologue américain, a démontré, par le biais des mères de substitution, que les singes étaient davantage attirés par une maman en tissu et chaude, qu’une mère en métal pouvant allaiter.
Pouvoir commercial
Plusieurs études ont prouvé que le toucher a un pouvoir commercial. Un vendeur aura plus de chances de conclure une vente s’il touche le bras du client. Tout comme un serveur s’il souhaite obtenir un pourboire plus généreux. La raison ? Le toucher incite à la confiance. Attention, le toucher d’un proche et d’un étranger diffère, et ce, selon les individus et les cultures.
Rudi D’Hooge, professeur de psychologie biologique (KU Leuven), explique : «Toucher quelqu’un reste un geste intime. Ces contacts ont principalement lieu avec nos proches, rarement avec des étrangers. Joe Biden a été assez critiqué pour être un peu trop tactile et créer parfois un certain malaise.»
Des bienfaits
C’est bien connu, quand une personne est triste, un câlin vaut mille mots. Les vertus du toucher sont multiples. Il libère de l’ocytocine, l’hormone du bonheur, et diminue le stress. Une étude de l’université d’Amsterdam, dirigée par le Pr Sander Koole, en psychologie sociale, a démontré que «le simple fait de poser la main une seconde sur l’épaule d’un patient au moment de lui tendre un questionnaire diminue son angoisse et lui inspire un sentiment de connexion avec ses semblables. Un effet particulièrement prononcé chez les personnes qui ne se sentent pas très sûres d’elles-mêmes.»
Dans la langue française
En anglais, comme en français, les références au toucher sont multiples. On dira que l’on est «touché» par un présent gentiment offert. Que l’on manque souvent de «tact» quand on est énervé. Qu’on se «tâte» quand on se questionne avec prudence. Une pensée peut aussi nous «effleurer» l’esprit…
À lire
- Tiffany Field, «Les Bienfaits du toucher», 250 pages, 8,20 € (Payot)
- Édouard Gentaz, «La Main, le cerveau et le toucher : approches multisensorielles et nouvelles technologies», 192 pages (Dunod)
- Ashley Montagu, «La Peau et le toucher. Un premier langage», 224 pages (Seuil)
Cet article est paru dans le Télépro du 13/1/2022
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