Le poids du sumo

Au Japon, la discipline du sumo - littéralement «se frapper mutuellement» - regroupe cinq à six cents lutteurs © Getty Images

Dimanche à 21h30 avec le documentaire «Japon : dans le monde ultra secret des sumos», La Trois plante ses caméras dans l’univers très secret des sumos. Enfermés 24 h sur 24, ces hommes imposants risquent leur vie pour un art vénéré dans leur pays.

Au Japon, le sumo est un sport de lutte aussi populaire que le football chez nous. Il a été créé dans l’Antiquité pour divertir les divinités shintoïstes. La légende raconte qu’après un combat, l’heureux vainqueur Takemikazuchi, le dieu du tonnerre, fonda la famille impériale dont est issu l’empereur actuel. Depuis des siècles, les Japonais se passionnent pour ces athlètes dont le poids (150 kg en moyenne) est un atout dans la lutte. Être le plus lourd augmente les chances de renverser l’adversaire ou de l’envoyer hors de la surface de combat, synonyme de victoire. Le sumo le plus imposant de l’histoire pesait ainsi 285 kg.

Pas de régime minceur

Pour rester «en forme», les lutteurs se régalent de pieds de porc, de sardines grillées, de grandes portions de riz et de «chankonabe», un plat chaud composé de légumes, de fruits de mer et de viande. Un sumo brûle en moyenne 8.000 calories par jour. Quant aux boissons, la bière est plus populaire que l’eau. Au réveil, le petit-déjeuner passe à la trappe au profit du sport. Les athlètes mangent deux fois par jour : à 11 et 21 heures, et font de nombreuses siestes (4 heures par jour). Mais l’impact sur la santé d’un tel régime n’est pas anodin : certains ont besoin d’une assistance respiratoire pour s’endormir et il existe des problèmes de diabète. Les sumos ne s’attendent pas à vivre au-delà de 65 ans…

Que d’interdits !

Quand les lutteurs s’entraînent, les femmes ne sont pas autorisées à fouler dans le dohyô (l’aire de combat). Selon les croyances shintos, le sumo adhère à l’idée que le sang est impur et qu’ainsi, les femmes le sont elles aussi, à cause de leurs menstruations. Leur présence en tribune est seulement autorisée depuis le XIXe siècle. Preuve du caractère hermétique de cette discipline, jusqu’à il y a encore quarante ans, les combats de sumo n’étaient ouverts qu’aux Japonais.

À l’instar des femmes, aucun étranger ne pouvait y prendre part. Les athlètes doivent aussi laisser pousser leurs cheveux pour les attacher en chignon. Comme le veut la tradition, les sumos ne peuvent pas conduire et sont obligés de s’afficher en public avec leur vêtement traditionnel. Cette bande de tissu qu’ils portent autour de la taille, appelée mawashi, mesure entre 9 et 14 mètres de longueur et peut peser jusqu’à 4 kg. En plus de protéger leurs organes génitaux, elle permet aux adversaires de pouvoir s’y accrocher lors des affrontements.

À ce propos, avant chaque combat, les lutteurs sirotent de l’eau sacrée (chikara-mizu) et jettent du sel sur le ring afin de purifier la rencontre. Ils frappent ensuite des mains pour invoquer les dieux nippons puis des pieds pour chasser les esprits. En totale communauté jour et nuit, sans chambre individuelle, la vie d’un sumo se résume par des entraînements impitoyables et des repas démesurés. Que de sacrifices pour être considéré comme un demi-dieu par ses fans !

Cet article est paru dans le Télépro du 25/5/2023

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