Le plastique pas si fantastique !

C'est pratique à la maison, mais catastrophique dans la nature... © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Le plastique est partout autour de nous. Pourtant, il est nocif pour l’environnement et notre santé, comme le rappelle «Tout s’explique» ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI

Du plastique antique

Dérivé du latin «plasticus» – lui-même issu du grec ancien «plastikós» («relatif au modelage») -, le plastique a connu son heure de gloire au XXe siècle. Depuis l’invention en 1862 de la parkesine, première forme de matière plastique artificielle, de nombreux polymères (assemblages de molécules) ont vu le jour : celluloïd, polyamide, PVC, ou bien sûr la bakélite, que l’on doit au chimiste belgo-américain Leo Baekeland en 1907.

Malgré ce succès récent, le plastique, issu de matières naturelles cette fois, trouve son origine dans… l’Antiquité ! Plusieurs siècles avant notre ère, les propriétés plastiques de l’ambre, de la corne ou des écailles de tortue étaient déjà utilisées. Ces matières naturelles étaient chauffées et moulées pour fabriquer des objets du quotidien. Et le latex, la sève malléable issue de l’arbre à caoutchouc, était déjà récoltée en Amérique du Sud 1.600 ans avant notre ère pour créer des balles ou des figurines.

Vortex de déchets

Au moins 8,8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans l’océan chaque année dans le monde, soit l’équivalent d’un camion poubelle déchargé toutes les minutes ! Au cours des cinq dernières années, la quantité totale de plastique dans les océans a augmenté de 50 % d’après le WWF, et ce, malgré un accroissement des politiques de lutte aux échelons nationaux. Selon les prévisions, la quantité de plastique déversée dans les océans devrait encore tripler d’ici 2040.

Dans le Pacifique Nord, un immense amas de plastique constitue même le «septième continent» ou «continent poubelle». Découvert en 1997 par l’océanographe américain Charles J. Moore, il s’étend sur une surface de 3,5 millions de km 2  entre Hawaï et la Californie. Selon une récente étude, une grande partie des déchets composant cette île de plastique proviendrait de l’industrie de la pêche, et non des déchets terrestres qui ont plutôt tendance à se concentrer le long des côtes.

Des milliers de ces déchets ont été analysés par des chercheurs du projet Ocean Cleanup (lire ci-après) et de l’université de Wageningen (Pays-Bas), qui ont établi une liste des principaux pays responsables. Une part importante de ces plastiques proviendrait du Japon (34 %), de Chine (32 %), de Corée (10 %), des États-Unis (7 %) et de Taïwan (6 %).

Ils combattent le plastique

La pollution plastique dans les océans a un impact sur la faune et la flore, mais aussi sur la santé humaine. Des microplastiques ont été trouvés dans le sang, les poumons, la rate et les tissus rénaux, et même dans les tissus fœtaux. En attendant un traité mondial sur la pollution plastique, dont les négociations ont débuté fin novembre, des initiatives privées voient le jour.

Comme celle de Boyan Slat, un jeune militant écologiste de 28 ans. À 16 ans, ce Néerlandais prend conscience de la pollution plastique de la mer alors qu’il fait de la plongée en Grèce. Deux ans plus tard, déterminé à agir, il abandonne ses études en ingénierie aéronautique pour lancer son entreprise «The Ocean Cleanup». Depuis 2018, son ingénieux système de barrières flottantes contribue à retenir les plastiques en mer et à les diriger vers une plateforme fonctionnant à l’énergie solaire, où les déchets sont récupérés et évacués pour être recyclés.

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De son côté, Emily Penn, navigatrice britannique, organise, depuis 2014, des «eXXpéditions» entièrement féminines de navigation à la voile. L’objectif ? Collecter des données sur la contamination plastique et sensibiliser le grand public.

Enfin, en octobre, le Français Simon Bernard a quitté Marseille à bord de son bateau-laboratoire «Plastic Odyssey» pour un tour du monde de trois ans, avec escale dans trente villes. L’idée de ce projet n’est pas de collecter des déchets, mais d’apprendre à les valoriser. À chaque étape, des solutions innovantes de recyclage sont proposées pour réduire la pollution plastique dans les pays émergents.

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Du café au vélo

Grande première en Belgique, des gobelets à café en plastique ont permis de réaliser… une piste cyclable ! Inaugurée fin novembre, elle se situe dans le port d’Anvers-Bruges et mesure 800 mètres de longueur. Sa mise en place s’inscrit dans la volonté du port international d’être climatiquement neutre d’ici 2050, grâce, notamment, à des infrastructures cyclables plus durables.

«Outre les avantages en termes d’absorption d’eau et de résistance, la réutilisation du plastique recyclé permet une diminution de la production de CO2», selon l’autorité portuaire. «L’installation de cette piste cyclable a permis la réutilisation d’environ 2 millions de gobelets à café en plastique».

La première partie de la piste cyclable, développée par une entreprise néerlandaise, est constituée de plastique recyclé. «En comparaison à un aménagement asphalté, cela correspond à une réduction de 82 % d’émissions de CO2. Grâce aux zones tampons, les infiltrations d’eau peuvent être retardées, et les gros débits plus facilement étalés, ce qui assure une meilleure gestion des eaux.»

Œuvre d’une société écossaise, le reste du parcours est réalisé à l’aide d’un mélange d’asphalte et de déchets plastiques, broyés en petits granulés.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/1/2023

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