Le mythe du cerveau multitâche
Ce jeudi dans «Tout s’explique» (RTL-TVI, 19h50), à l’heure des bonnes résolutions, Maria del Rio nous alerte sur les dangers du «multitâche» et s’interroge sur les capacités du cerveau humain à gérer plusieurs missions à la fois.
QI en baisse
Ce n’est pas nouveau, nous vivons une époque hyperconnectée et devons jongler entre de multiples tâches : répondre à un email tout en étant au téléphone, lire un rapport pendant une réunion de travail, télétravailler en s’occupant des enfants…
Pourtant, les scientifiques s’accordent : le cerveau humain n’est pas fait pour le multitâche car il ne sait bien faire qu’une seule chose à la fois. Et le multitâche serait même néfaste. Essayer de faire plusieurs choses simultanément ou jongler sans cesse d’une tâche à l’autre engendre une diminution de l’attention, une augmentation du stress et une perte de productivité. Pire, selon des chercheurs de l’Université de Londres, cela entraîne des dégâts au cerveau, notamment une chute du quotient intellectuel, plus significative qu’en cas de nuits blanches ou de consommation de drogues !
Enfin, une étude de l’Université de Sussex (Grande-Bretagne) a, quant à elle, démontré que passer sans cesse d’un appareil à l’autre – par exemple, du téléphone à l’ordinateur – diminuait la quantité de cellules grises dans la zone responsable de l’empathie et du contrôle émotionnel. Conclusion : le multitâche est plus une habitude à perdre qu’une capacité à acquérir !
Un mythe s’effondre
Les femmes ont souvent la réputation d’être capables de réaliser plusieurs tâches en même temps, contrairement aux hommes. La science a voulu vérifier. Et c’est faux, selon une étude allemande. Pour arriver à leurs conclusions, des chercheurs de l’Université d’Aix-la-Chapelle ont soumis deux groupes d’individus – l’un masculin, l’autre féminin – à une évaluation des capacités de la mémoire, des fonctions visiospatiales et de la rapidité de traitement de l’information. Autres facultés observées : la capacité à passer d’une tâche à l’autre («task switching») et à réaliser deux tâches en même temps («dual tasking»). Pour ces chercheurs, les hommes et les femmes arrivent à égalité et la supériorité féminine dans ce domaine relève du mythe.
Quand le cerveau ne voit pas
Organe mystérieux, le cerveau peut, dans certains cas, nous jouer des tours. Cela arrive notamment avec la cécité d’inattention. Ce phénomène se produit lorsque l’on est tellement concentré sur quelque chose que l’on ne remarque même pas une autre chose, pourtant évidente.
L’exemple le plus célèbre est le test du gorille. Dans cette expérience de 1999, des personnes observent une vidéo montrant des joueurs de basket. Il leur est demandé de se concentrer sur les sportifs vêtus de blanc et de compter le nombre de passes qu’ils réalisent. Au milieu de la vidéo, une personne déguisée en gorille fait irruption sur le terrain. Pourtant, concentrés sur les passes, les spectateurs ne la remarquent pas ! Ce phénomène de cécité d’inattention est également responsable de nombreux accidents de la route, soit parce que des conducteurs sont distraits par une conversation téléphonique ou des piétons par l’écran de leur smartphone.
Le test du gorille en vidéo :
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Zoom fatigue
Avec l’arrivée du covid et le télétravail généralisé, de nouvelles habitudes ont pris place dans nos vies. Parmi elles, les visioconférences, idéales pour garder le contact avec ses collègues malgré la distance. Mais si les logiciels tels que Zoom, Teams ou Skype sont de formidables outils, il y a un revers à la médaille. Près de deux ans après le début de la pandémie, une certaine fatigue ou lassitude s’est installée chez les travailleurs et étudiants, coincés derrière leur écran. Outre-Atlantique, une étude a même mis un nom sur ce phénomène : la «Zoom fatigue».
Cette lassitude ou fatigue psychique s’explique notamment par le multitâche : il est possible de continuer à travailler discrètement tout en participant à la réunion, contrairement à une réunion en présentiel. Ensuite, d’autres facteurs sont avancés comme les contacts visuels trop nombreux et trop intenses avec les interlocuteurs, le fait d’être confronté à sa propre image, l’immobilité que la pratique impose et les efforts fournis pour observer la communication non verbale de ses collègues.
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Cet article est paru dans le Télépro du 6/1/2022
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