Le mystère des géoglyphes

Image extraite du documentaire diffusé ce vendredi sur La Trois © RTBF/Mona Lisa

Aux quatre coins de la planète, de grands dessins sont tracés au sol ! De quand datent-ils ? Qui les a faits ? Grâce à quelle technique ? Tentative de réponse, à l’occasion de la diffusion du documentaire «L’Énigme des géoglyphes» ce vendredi à 21h15 sur La Trois.

Avez-vous déjà entendu parler des géoglyphes ? Ce sont ces grands dessins tracés à même le sol, dont on ne découvre l’ampleur qu’en prenant de la hauteur. On en voit en Angleterre, dans les steppes du Kazakhstan, au Brésil, au Pérou, au Chili… Qui a tracé ces étranges motifs ? Et dans quel but ? Vendredi, La Trois revient sur «L’Énigme des géoglyphes».

Land Art

Les géoglyphes sont des dessins parfois centenaires. Comme Le Long Man, une silhouette humaine de 70 m de hauteur, tracée sur les coteaux herbeux du Sussex, en Angleterre. Ils sont le plus souvent millénaires, comme ceux que l’on trouve en Amérique du Sud. Mais pour tenter de percer leur mystère, il n’est pas inutile de s’intéresser d’abord aux géoglyphes contemporains.

À la fin des années 1960, le mouvement Land Art a tourné le dos aux ateliers et aux musées pour se lancer dans la réalisation d’œuvres au cœur même de la nature. Certains artistes ont alors créé des géoglyphes. La plus célèbre de ces sculptures naturelles à grande échelle est le Double Negative de Michael Heizer, dans le désert du Nevada aux États-Unis. L’artiste a imaginé une tranchée longue de 457 m, large de 13 m et profonde de 15 m. Sa réalisation a nécessité le déplacement de près de 250.000 tonnes de roches…

Ça ne s’est pas fait à la main ! Et l’artiste est monté dans un hélico pour s’assurer du rendu de son œuvre. Alors, comment faisait-on jadis ? Et comment ces créations ont-elles survécu aux siècles ? La question se pose quand on voit que certaines œuvres de Land Art ont déjà fortement souffert de l’eau, du soleil et du vent au bout de cinquante ans.

Avant les Incas

Les plus fameux géoglyphes sont les lignes de Nazca, au Pérou. Le site attire de très nombreux touristes, mais ils ne voient rien en arrivant sur place. Il leur faut prendre un petit avion et s’élever de plusieurs centaines de mètres pour découvrir le singe, le condor, le colibri ou l’araignée. Ce sont d’ailleurs les premiers aviateurs qui ont découvert ces étranges figures en 1927.

On en a trouvé des centaines d’autres depuis, que l’on peut admirer depuis chez soi sur Google Earth. Des animaux, des silhouettes humaines, des formes géométriques… Et on en découvre toujours. En 2018, une cinquantaine de lignes trop fines pour l’œil humain ont été repérées grâce à des données satellitaires. En 2019, des scientifiques japonais en ont identifié 143 autres à l’aide de logiciels de traitement d’images. Toutes auraient environ 2.000 ans et seraient l’œuvre d’une civilisation antérieure aux Incas : les Nazcas.

Des explications

Comment les Nazcas ont-ils pu créer ces immenses motifs sans jamais en avoir une vue aérienne globale ? Ils ont probablement travaillé par quadrillage : en quadrillant le dessin, puis en quadrillant le terrain à l’aide de cordages. On sait en effet que les Nazcas étaient de bons tisserands. Une fois le motif reporté carré par carré, comment l’ont-ils tracé sur le sol ?

L’explication est assez simple. Le terrain est constitué de petits cailloux riches en oxyde de fer, donc plutôt rouges. Ils recouvrent un sol gypseux, plus pâle. Il suffit donc d’éliminer la couche de cailloux pour créer une ligne claire. Mais comment ces lignes ont-elles traversé les siècles ? C’est une question de climat. Le désert de Nazca est l’un des plus arides de la planète. Les géoglyphes n’ont donc ni souffert de l’humidité, ni été envahis par la végétation. Tout cela contribue à expliquer comment ils ont été créés et comment ils sont parvenus jusqu’à nous… Mais le mystère sur leur utilité reste entier !

Cet article est paru dans le Télépro du 14/7/2022
 

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