Le métier de démineur : de fond en comble

Ils portent un costume pesant 45 kilos, pour les protéger en cas d'incident © Getty

Appelés à agir partout, tout le temps, dans des missions à hauts risques, ils sont pourtant des soldats minutieux, loin des têtes brûlées des films ! Ce jeudi à 17h45 sur Arte, le magazine «Xenius» s’intéresse au déminage.

Il y a quelques temps, pour les besoins d’un reportage télé j’accompagnais des démineurs de l’armée belge durant plusieurs jours. Comme beaucoup d’autres journalistes, j’attendais le moment où il faudrait partir d’urgence sur un site où un engin explosif devrait être désamorcé. Je l’attends toujours…

«Pericula non timeo»

La découverte s’est jouée sur un autre terrain, moins spectaculaire peut-être (quoique…), mais riche en rencontres humaines. Ces soldats n’avaient rien à voir avec ceux des fictions télé et ciné. Des têtes brûlées ? Inconnues au bataillon ! Plutôt des hommes tranquilles au métier hors du commun. 

En Belgique, les démineurs font partie du SEDEE, le service d’enlèvement et de désamorçage d’engins explosifs. Sur le site de la Défense, la devise des démineurs «Pericula non timeo» reste immuable : «Je ne crains pas le danger». Tout comme le but de leur travail : «neutraliser, démanteler et évacuer les munitions et les explosifs non explosés abandonnés». Ils sont principalement casernés à Oud-Heverlee, près de Louvain, mais leur rayon d’action est large.

Armure de 45 kg

Le côté visible est celui des interventions médiatisées malgré eux. Des images souvent les mêmes, légèrement tremblantes, filmées de loin. Dans la zone de protection délimitée par la police, un homme s’avance seul, dans un uniforme kaki lui donnant une vague allure de cosmonaute. Constituée de kevlar et d’acier, cette armure de 45 kg le contraint à se déplacer à pas lents, mais doit surtout le protéger le mieux possible d’une explosion et de ses dangers : la surpression, la fragmentation, l’impact et la chaleur.

Le casque balistique vissé sur la tête, il progresse en direction d’un objet précis. Par le miracle du montage télé, l’opération parfois très longue, prudente et minutieuse, ne dure que quelques secondes et se clôture régulièrement par l’intervention du robot à chenilles qui fait exploser le colis suspect. Ces images, nous les avons tous vues, lors d’actes terroristes ou de grand banditisme perpétrés chez nous.

Dangers du passé

Le quotidien de ces soldats se trouve pourtant ailleurs. La plus grande partie des 3.500 appels annuels reçus par le SEDEE concernent des souvenirs potentiellement explosifs du passé. Les démineurs sont appelés sur des chantiers de terrassement où des munitions et des bombes des deux guerres mondiales sont retrouvées. Elles n’ont pas explosé à l’époque. Plus de cent ans plus tard, les démineurs doivent désamorcer.

250 tonnes neutralisées

C’est le cas dans le Westhoek, sur la côte proche de la France. À bord d’une camionnette, des militaires y sillonnent les chemins de campagne. Ils collectent, souvent posés aux pieds des poteaux électriques, des obus de la Première Guerre découverts par les agriculteurs qui retournent leurs champs. Après autant de temps, la récolte reste impressionnante : pas loin de 10 tonnes sont retrouvées chaque année. Précieusement déposés sur un lit de sable à l’arrière du véhicule, ces explosifs toujours dangereux sont ensuite désamorcés, à moins de la faire sauter dans une chambre de détonation spécialement conçue, sur terre ou en mer. En 2019, entre 200 et 250 tonnes de ces engins ont encore été retrouvés et rendus inoffensifs par nos démineurs !

Cet article est paru dans le Télépro du 10/6/2021

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